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Die Unvergessene

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CD
22 août 2012
Oubli des choses terrestres

Note ForumOpera.com

3

Infos sur l’œuvre

Détails

Lucia Popp

Die Unvergessene

CD 1
Extraits de Der Freischütz, Le Nozze Di Figaro, Zar Und Zimmermann*, Gianni Schicchi, Rigoletto, Manon, Louise, Prodaná Nevesta, Rusalka

Müncher Rundfunkorchester
Direction musicale
Kurt Eichhorn (1982)
* Heinz Wallberg (1976)

CD 2 + 3
Lieder de Johannnes Brahms*, Gustav Mahler*, Antonin Dvorak, Sergueï Prokofiev, Zoltan Kodaly, Leos Janacek

Piano
Geoffrey Parsons (1980, *1983)

CD 4
Extraits de Die Zauberflöte, Der Widerspenstigen Zähmung, Orpheus*

Müncher Rundfunkorchester
Direction musicale
Kurt Eichhorn (1982, *1975)

Extraits de Samson, Psalm 111
Enregistrement intégral de Jauchzet Gott In Allen Landen BWV 51 (Johann Sebastian Bach)

Amsterdamer Kammerorchester
Trompette
Carole Dawn Reinhart
Direction musicale
Marinus Voorberg (1979)

Remastered Original Recordings – Membran 233353

 
Oubli des choses terrestres
par Christophe Rizoud

 

 

 
« L’écouter, c’est l’aimer » écrivait en novembre dernier notre confrère Julien Marion à propos de Lucia Popp (1939-1993) suite à la publication par BR Klassik de ses récitals munichois. On ne peut qu’abonder dans son sens à l’écoute de cette nouvelle compilation, remastérisée cette fois par le label Membran et baptisée à juste titre Die unvergessene (l’inoubliable). Quatre CD enregistrés au début des années 80, à l’apogée de cette voix, offrent un aperçu assez fidèle de son répertoire : l’opéra dans toutes les langues, le lied, la mélodie slave et la musique sacrée. La quadrature du cercle ou presque car quel que soit l’angle considéré, Lucia Popp propose un chant sans reproche : beauté du timbre, pureté d’émission, musicalité, naturel et ce sourire, relevé par Julien Marion, qui éclaire chacune de ces interprétations d’une lumière salutaire. Oui, pas de doute, l’écouter, c’est tomber sous son charme.
 
Le reste est affaire de goût et d’affinité. On ne voit rien à redire aux airs d’opéras allemands. Au contraire. Peu d’Agathe possèdent cette fraîcheur dans le timbre, cette jeunesse (Lucia Popp a tout de même 43 ans quand elle interprète ici l’air du Freischütz), cette limpidité angélique qui fait de « Wie nahte mit der Schlummer » un moment de grâce. L’extrait de Zar und Zimmermann, un singspiel d’Albert Lortzing, enregistré lui en 1976, correspond alors exactement à la typologie vocale de Lucia Popp : soprano lyrique léger, déjà affranchi des coloratures de la jeunesse (La Reine de la Nuit fut le rôle qui la révéla au disque en 1964, avant même toute consécration scénique, nous rappelle Julien Marion). Six ans plus tard, « Die Kraft versagt » tiré de Der Widerspenstigen Zähmung, un Komische Oper d’Hermann Goetz (1840-1876), aide à mesurer le chemin parcouru. La voix, sans rien perdre de sa vénusté, a gagné en ampleur et en intensité. Cette galerie de portraits germaniques culmine avec Die Zauberflöte et un « Ach, ich fühl » virginal, qui force à l’agenouillement, idéal d’intonation et de délicatesse. On peut en revanche préférer dans l’opéra italien davantage de couleurs : une Gilda tout aussi innocente mais plus charnelle, des vocalises moins sages et un trille plus affirmé. Tout comme, dans le répertoire français, on apprécie la qualité de la diction mais on aime Manon plus perverse et Louise plus sensuelle. On n’est jamais trahi que par les siens : les deux airs d’opéra tchèque – Prodana Nevesta (La Fiancée vendue) et Rusalka – révèlent une faille dans ce chant exemplaire, un défaut d’expression qui est la conséquence de cet angélisme que l’on célébrait précédemment, une disposition à se désincarner qui nuit à la caractérisation des deux héroïnes d’Outre-Danube.

C’est peut-être ce qui explique aussi que l’on ait du mal à accrocher aux mélodies qui occupent les deux CD suivants. La composition dispersée du programme n’excusent pas tout. Slaves ou allemandes, ces pièces pour voix et piano glissent sans empreindre. Dans le flot accort et continu de ce chant liquide, surnage la berceuse « Dobró Noc » extrait des V národnim tónu de Dvořák, que Lucia Popp teinte d’une nostalgie toute viennoise. Les neuf chansons moraves de Janacek valent aussi par l’élégance avec laquelle la soprano slovaque habille une harmonie curieusement sage chez un compositeur que l’on qualifie souvent d’impressionniste. Mais on aime Brahms avec davantage d’épaisseur et Mahler dévoré par une anxiété qui ne tient pas tant à l’interprétation qu’à la nature même de la voix.
 
L’Amsterdamer Kammerorchester, dirigé par Marinus Voorberg, corsète Haendel, Telemann et Bach comme on pouvait le faire avant la déferlante baroqueuse. On n’en succombe pas moins à un « Let the bright Seraphim » (Samson) exaltant, bien qu’interprété en allemand (« Kommt, all ihr Seraphim »). Surtout, comment ne pas ascensionner la cantate Jauchzet Gott in allen Landen, traversée sur deux octaves, jusqu’au contre-ut, d’une exultation séraphique, portée par un chant inspiré et inspirant qui en cisèle chaque note. Ainsi affirmés, les quatre mouvements qui composent cette pièce sacrée (cinq si l’on compte l’Alléluia final et ses vocalises incantatoires) apparaissent comme autant d’arguments en faveur de l’existence d’un Dieu de joie et de lumière.

 

 

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Lucia Popp

Die Unvergessene

CD 1
Extraits de Der Freischütz, Le Nozze Di Figaro, Zar Und Zimmermann*, Gianni Schicchi, Rigoletto, Manon, Louise, Prodaná Nevesta, Rusalka

Müncher Rundfunkorchester
Direction musicale
Kurt Eichhorn (1982)
* Heinz Wallberg (1976)

CD 2 + 3
Lieder de Johannnes Brahms*, Gustav Mahler*, Antonin Dvorak, Sergueï Prokofiev, Zoltan Kodaly, Leos Janacek

Piano
Geoffrey Parsons (1980, *1983)

CD 4
Extraits de Die Zauberflöte, Der Widerspenstigen Zähmung, Orpheus*

Müncher Rundfunkorchester
Direction musicale
Kurt Eichhorn (1982, *1975)

Extraits de Samson, Psalm 111
Enregistrement intégral de Jauchzet Gott In Allen Landen BWV 51 (Johann Sebastian Bach)

Amsterdamer Kammerorchester
Trompette
Carole Dawn Reinhart
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Marinus Voorberg (1979)

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