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Nicht Wiedersehen !

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CD
4 décembre 2022
Groissböck grand format !

Note ForumOpera.com

4

Infos sur l’œuvre

Détails

Richard Strauss

Zueignung

Allerseelen

das Thal

Der Einsame

Breit’ über mein Haupt

Heimliche Aufforderung

Befreit

Hans Rott

Der Sänger

Geistesgruβ

Wandrers Nachtlied

Gustav Mahler

Nicht Wiedersehen !

Revelge

Zu Straβburg auf der Schanz’

Tamboursg’sell

Urlicht

Basse

Günther Groissböck

Accompagnateur

Malcolm Martineau (Steinway Mod.D)

Enregistré du 14 au 16 août 2022 à Salzbourg (Mozart-Saal)

1CD Gramola 99280

62’16

Un conseil d’ami : si, pendant les prochains congés de Noël, vous parvenez à vous accorder 62 minutes, alors installez-vous confortablement et savourez le dernier opus signé Günther Groissböck, intitulé Nicht Wiedersehen !, qu’il a enregistré en août dernier dans la Mozart-Saal de Salzbourg, en compagnie du fascinant Malcolm Martineau. Vous ne le regretterez pas !

Groissböck compose un programme qu’il maîtrise sur le bout des doigts. Saluons tout d’abord le choix des quinze pièces proposées : trois compositeurs et une alternance subtile de pièces connues et d’autres à (re-)découvrir. On commence par Richard Strauss, Zueignung, histoire d’appâter le chaland, suivi de Allerseelen, toujours extrait des Acht Gedichte, de la même veine, et puis on glisse vers des pièces moins populaires mais tellement saisissantes : Das Thal sur un texte de Ludwig UIhland, avec ses innombrables sauts de tonalités, où la profondeur du grave et son naturel font merveille (écouter la dernière strophe et l’admirable conclusion au piano). Dans Der Einsame (d’après Heine), la solitude est triste et l’abysse sous nos pieds ; Groissböck s’enfonce par les derniers mots (« uralte Nacht ») de façon spectaculaire dans l’immense profondeur de la nuit. Il sait aussi dépeindre la passion (Heimliche Aufforderung) avec une virilité qui affleure dans chaque vers.

Il y a aussi cinq lieder de Gustav Mahler, dont Nicht Wiedersehn ! qui donne son titre à l’album ainsi que des extraits du cycle du Knaben Wunderhorn. Ce sont de nouvelles occasions d’apprécier l’art du chant de Groissböck ; il démontre que l’on peut avoir une basse profonde et pourtant chantante. Et que le cantabile s’accommode tellement bien de la clé de fa, quand la lecture est aussi intelligente (Zu Straβburg auf der Schanz’)

Et puis, entre les sept pièces de Strauss et les cinq de Mahler, il y a la découverte magique de Hans Rott. Ses dates (1858-1884) disent assez la brièveté de sa carrière ; l’écoute des trois lieder proposés disent en revanche la fulgurance de son génie. Hans Rott, on l’imagine, a laissé peu d’œuvres, mais suffisamment pour qu’on puisse conjecturer sur la place qui aurait été la sienne dans le paysage musical, si la mort ne l’avait fauché si prématurément. Il fut rapidement oublié un bon siècle durant et sortit des ténèbres en 1989, lorsque sa symphonie en mi majeur fut créée par le Cincinnati Philharmonia Orchestra sous la direction de Gerhard Samuel, dans une édition interprétative préparée par Paul Banks.

Rott faisait partie d’un cercle viennois proche de Bruckner ; très vite malheureusement sa maladie psychiatrique se révéla, accentuée par ses déboires musicaux, notamment en 1880 lorsque Hans Richter refusa de diriger sa symphonie. Et puis, suite à un grave incident avec un passager dans un train, il fut arrêté et interné à Vienne : « folie hallucinatoire et délire de persécution » (il était persuadé que Johannes Brahms lui en voulait à mort). Il mourut, interné, de la tuberculose. « Ce que la musique a perdu avec sa mort, est incommensurable », commenta tout de même son ami Gustav Mahler. Dans les quelques œuvres qu’il a produites, le lied figure en bonne place mais avec seulement une petite dizaine de pièces achevées.
Il faudra absolument s’attarder sur les trois lieder proposés. Der Sänger (sur un poème de Goethe), encore empreint de classicisme viennois, avec un appareil pianistique conséquent, suit remarquablement l’évolution du récit de ce poème, qui est l’un des plus emblématiques de la littérature allemande. Le bref Geistesgruβ et plus encore le célèbre Wandrers Nachtlied nous plongent quant à eux dans le romantisme à la C.-D. Friedrich.

C’est toute une culture germanique que possède sur le bout des doigts Günther Groissböck. Viennois (il a débuté dans la troupe du Wiener Staatsoper en 2002, avant d’intégrer celle de l’opéra de Zurich, puis de voler de ses propres ailes), un vrai, en ce sens qu’il maîtrise parfaitement et le dialecte et le parler wienerisch que l’on a pu goûter, et comment, à Berlin en 2020, et qui font de lui aujourd’hui un Baron von Ochs parmi les plus recherchés. 

Dans un tout autre registre donc, il nous livre ici un opus majeur et qui restera.

 

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