Michael est né en 1737, quatre ans après son aîné, mort en 1806, trois ans avant lui. L’aîné c’est Josef Haydn, le grand Haydn, compositeur prolifique de 108 symphonies, inventeur du quatuor à cordes, auteur célébré de La Création ou des Saisons, et de quelques opéras injustement méconnus.
Michael Haydn, que la postérité a laissé dans l’ombre de son frère, a pourtant eu une carrière plus qu’honorable : formé à Vienne, il devient en 1763 Konzertmeister et compositeur à la cour d’un certain Colloredo, le prince-archevêque de Salzbourg, où il succède à… Leopold Mozart. Le jeune Wolfgang vouera une égale admiration aux deux frères, Michael et Josef Haydn.
Michael Haydn, c’est un catalogue de près de 800 œuvres, dont une majeure partie de pièces religieuses, 41 symphonies. Christian Zacharias qui a enregistré à Lausanne son Requiem de 1771 le tient pour un authentique chef-d’œuvre (Mozart s’en est manifestement inspiré vingt ans plus tard pour le sien). Mais on doit bien reconnaître que, tant dans l’œuvre symphonique que chorale, on peine à distinguer les pièces de premier plan.
Ce n’est malheureusement pas ce disque qui va nous convaincre du contraire. Pourtant l’affiche promettait : une grande messe solennelle écrite en 1768, dédiée à Saint-Nicolas de Tolentino, un moine augustin du XIIIe siècle, en l’honneur des révérends pères du couvent des Augustins de Salzbourg. Ainsi que des vêpres pour la fête des Saints-Innocents. Effectif modeste, orgue, cordes et trompettes, chœur de jeunes filles.
On sait pourtant que l’Angleterre est le pays du chant choral, où la moindre église, le moindre temple disposent de forces locales qui en remontreraient à bien des professionnels. Et celles de la cathédrale de St.Alban, à une heure de route au nord-ouest de Londres, pourraient resplendir dans cet enregistrement, si elles n’étaient aussi sévèrement bridées par la direction sans relief, atone, de celui qui se présente comme « Maître de musique assistant » (chargé des offices quotidiens), et par une prise de son inexplicablement cotonneuse. A-t-on jamais entendu « Gloria » plus dépourvu de toute énergie ?
Vraiment dommage, parce que les versions des messes de Michael Haydn ne se bousculent pas et qu’on peut imaginer ce qu’auraient fait de cette messe et de ces vêpres un Cleobury, un Norrington ou un Gardiner avec leurs fabuleux ensembles choraux.