Rares sont les labels qui ont à ce point contribué à la connaissance de la musique baroque, germanique tout particulièrement. Ricercar, qu’anime Jérôme Lejeune avec l’énergie que l’on sait, voulait fêter comme il se doit ce quarantième anniversaire d’un travail inlassable. Nous est ainsi offert un extraordinaire cadeau : plus de quarante heures de musique, soit 31 CD entièrement recomposés. Loin d’une facile et simple réédition, c’est une somme, le plus riche panorama discographique de l’Allemagne du XVIIe siècle, au sens large, dont nous disposons maintenant.
On connaît la vitalité musicale extraordinaire de ces contrées dès les débuts de la Réforme. Chaque cour, chaque ville, chaque église importante emploie des musiciens, le plus souvent compositeurs. Des premiers baroques jusqu’à son aboutissement ultime, Johann Sebastian Bach, ce sont 91 compositeurs, sans compter les anonymes, qui traduisent l’extraordinaire floraison de la musique vocale, le plus souvent religieuse, mais aussi instrumentale. Pas moins de 335 oeuvres (et non pas d’extraits) nous sont ainsi offerts.
Recomposés écrivions-nous à propos de l’organisation des programmes. En effet, de façon surprenante, mais cohérente, l’éditeur a choisi de réunir les œuvres en classant les compositeurs par ordre alphabétique, de Clamor Heinrich Abel à Friedrich Wilhelm Zachow, réservant les trois derniers CD à Bach dans ses premières œuvres. Pour autant, l’organisation interne de chaque CD évite toute monotonie en faisant alterner œuvres vocales et instrumentales.
Magistrales sont la quasi totalité des interprétations, quelles qu’en soient les prises : des solistes exceptionnels, Henri Ledroit et James Bowman, ou encore Paul Agnew, Agnès Mellon, Paulin Bündgen, Max Van Egmond, Julie Roset… l’énumération – incomplète, tant s’en faut – est impressionnante. Il en va de même des formations et de leurs chefs. Lionel Meunier, Philippe Pierlot, Philippe Herreweghe, Leonardo García Alarcón, Eric Van Nevel, Bernard Foccroulle… le Ricercar Consort, évidemment, mais aussi Clématis, Vox luminis, le Collegium Vocale de Gand, La Fenice, L’Achéron (pardon pour les oublis), c’est la crème des interprètes qui nous est offerte.
A côté de Buxtehude, Schütz, Schein, et des autres « grands », aux joyaux incontournables, c’est une mine aux nombreuses pépites. Beaucoup de découvertes sont promises à l’auditeur, comme de retrouvailles plus ou moins rares (Bruhns, Weckmann…). L’amoureux, le passionné de musique baroque, comme le mélomane curieux en feront leur miel, n’en doutons pas.
La notice, succincte, vaut par le rappel de l’aventure de Ricercar, racontée par son créateur inspiré, Jérôme Lejeune. Le détail des œuvres et la biographie des interprètes sont accessibles sur le site web du label.
Proposé à tout petit prix (50 €), il faut saisir l’occasion sans crainte d’être déçu.