A tout seigneur, tout honneur. C’est avec Tosca, un des opéras les plus fameux du répertoire, que L’Avant-Scène Opéra étrenne une collection un peu différente des précédentes. Non que la structure et le format du numéro aient changé, ni même son contenu… L’argument et le guide d’écoute restent signés du regretté Gilles de Van. L’ensemble des regards sur l’œuvre se présente tel qu’en 2007, date de la dernière mise à jour. Jean Cabourg raconte la genèse de la partition avant de disséquer d’un scalpel savant les voix des trois protagonistes. Elisabeth Mazoires se remémore l’interprétation de Sarah Bernhardt – « l’œil oblique, les mâchoires grinçantes de l’animal guettant sa proie » disait Reynaldo Hahn (on complètera la lecture de cet article par une visite du Musée du Petit Palais à Paris où un portrait en majesté de la comédienne donne une idée féroce et féline de ce que pouvait être sa Tosca – l’entrée est gratuite). Jean-Michel Brèque détisse le passage du mélodrame de Sardou à l’opéra de Puccini. Patrice Henriot reconsidère l’ouvrage à travers le personnage de Scarpia, figure caractéristique – selon lui – de l’homme du pouvoir exécutif de notre temps (à vous décourager de voter pour les prochaines présidentielles). Michel Debrocq n’en finit pas de s’extasier sur la modernité harmonique de Puccini tandis que Joël-Marie Fauquet s’en tient aux trois accords initiaux de la partition, véritables coups de boutoir portés à une tonalité déjà chancelante (qui osera dire ensuite le compositeur médiocre et Tosca d’un « lyrisme facile et superflu », n’est-ce pas Monsieur Dukas ?)
Evidemment, cette nouvelle édition a été l’occasion de réviser la vidéographie, de séparer au sein d’une discographie de plus en plus pléthorique le bon grain de l’ivraie, d’actualiser le tableau des représentations de Tosca à travers le monde – de 2007 à 2017, les années précédentes étant disponibles gratuitement en ligne sur le site de la publication – et même de procéder à une nouvelle traduction du livret.
Mais la plus grande nouveauté ne porte pas tant sur le fond que sur la forme. Couverture en carton souple, illustrations actualisées et entièrement en couleurs, traditionnels « point de repère » développés en introduction au point de former un petit vade-mecum ludique et pédagogique, ajout d’un portfolio racontant en images un siècle de représentations mythiques, font ce nouveau numéro de luxe. Jusqu’alors, on lisait l’Avant-Scène Opéra ; désormais, on peut aussi le feuilleter.