Forum Opéra

La Doriclea

arrow_back_iosarrow_forward_ios
Partager sur :
Partager sur facebook
Partager sur twitter
Partager sur linkedin
Partager sur pinterest
Partager sur whatsapp
Partager sur email
Partager sur print
CD
10 décembre 2018
Stradella prend des couleurs

Note ForumOpera.com

3

Infos sur l’œuvre

Opéra en trois actes, livret de Flavio Orsini

Détails

Doriclea

Emöke Baráth

Lucinda

Giuseppina Bridelli

Fidalbo

Xavier Sabata

Delfina

Gabriella Martellacci

Celindo

Luca Cervoni

Giraldo

Riccardo Novaro

Il Pomo d’Oro

Direction musicale

Andrea De Carlo

Enregistré à Caprarola, Scuderie Farnese, du 3 au 9 septembre 2017

3 CD Arcana A454 – 58’42 + 68’28 + 61’11

Branle-bas-de-combat dans The Stradella Project : avec le cinquième volume de cette série courageusement entreprise par le label Arcana, voici, premièrement, que l’on délaisse tout à coup le répertoire religieux au profit du profane, et que, deuxièmement, même si le maître d’œuvre reste le chef Andrea De Carlo, c’est sans son ensemble Mare Nostrum, ici remplacé par l’orchestre Il Pomo d’Oro, et l’on remarque aussi que la distribution réunit quelques-uns des plus médiatiques parmi les spécialistes actuels du répertoire baroque. Est-ce à tous ces changements qu’il faut attribuer les couleurs nouvelles dont se pare ici Stradella ?

Tout d’abord, signalons un bond quantitatif flagrant : alors que jusqu’ici, les œuvres enregistrées tenaient largement sur un unique CD et dépassaient rarement les soixante minutes, voici venir un coffret de trois disques et plus de trois heures de musique ! De la brièveté de l’oratorio, on passe au temps dilaté de l’opéra, et même avec seulement six personnages, les rebondissements propres au genre permettent de durer trois actes. Faut-il pour autant penser que l’auditeur est tenu en haleine ? Ce serait beaucoup dire, car le livret possiblement dû à Flavio Orsini est des plus minces. Si la belle Doriclea se travestit en homme pour mieux examiner le comportement de son amant Fidalbo qu’elle croit perfide, et si elle suscite au passage de tendres sentiments dans le cœur de Lucinda (qui se croit elle aussi trompée), cela ne suffit pas tout à fait à conférer un relief shakespearien à la chose, car ces amours contrariées s’entrelacent de manière assez artificielle, ponctuée par les dialogues comiques de la vieille Delfina et du valet Giraldo qu’elle poursuit de ses assiduités. Heureusement, Stradella y trouve le prétexte à toute une succession d’airs où chacun exhale ses griefs, sa musique se révélant d’une plasticité suffisante pour prendre sans cesse des formes nouvelles : arie con ritornello, arie con strumenti et duetti interrompent à intervalles réguliers le déroulement du récitatif. Sans atteindre les sommets de son aîné Monteverdi, Stradella se montre plus qu’habile à exprimer une large palette d’affects.

Ensuite, et c’est un peu la nouveauté, le cercle des chanteurs convoqués pour cette résurrection dépasse nettement le cercle des baroqueux italiens. Même si la péninsule compte quelques grands noms, qui ont d’ailleurs participé à certains des volumes précédents (Filippo Mineccia dans San Giovanni Crisostomo, Roberta Mameli dans Santa Pelagia), le recours à des artistes internationaux renommés ne peut que contribuer à renforcer l’attention accordée à cette musique. Se rangent dans cette catégorie Emöke Baráth et Xavier Sabata. La première, qui a accédé à la célébrité grâce à l’Elena de Cavalli, ravit l’auditeur par la ductilité de sa voix mise au service du rôle-titre, tandis que le second prête aux lamentations du malheureux Fidalbo toute la délicatesse dont il est capable. Nouvelle venue dans le Stradella Project, Giuseppina Bridelli est bien italienne mais s’est récemment imposée en France avec son Aristée dans l’Orfeo de Rossi porté par Raphaël Pichon : même ici, dans le rôle plus conventionnel de Lucinda, on retrouve les qualités d’engagement qui la distinguaient dans ce spectacle. Très souvent à l’affiche en France, Riccardo Novaro excelle dans le rôle bouffe de Giraldo et exploite au maximum chacune de ses interventions. On ne saurait hélas en dire autant de Gabriella Martellacci : si le timbre de la contralto impressionne par la densité de ses graves, l’incarnation est absente et l’interprète ne semble guère chercher à faire vivre un personnage (l’oreille serait moins flattée, mais on imagine ce qu’un Dominique Visse aurait tiré de ce personnage de vieille femme amoureuse). Bonne surprise, en revanche, avec un autre habitué de ces disques Stradella : le ténor Luca Cervoni paraît s’être débarrassé de ses nasalités et offre une prestation bien supérieure à ses précédentes participations.

L’ensemble Il Pomo d’Oro semble désormais l’indispensable soutien orchestral d’artistes comme Franco Fabioli, Ann Hallenberg ou Max Emanuel Cenčić. Sous la direction d’Andrea De Carlo, les neuf instrumentistes s’emploient activement à raviver les couleurs d’une partition qui n’attend plus désormais que sa résurrection scénique pour convaincre les mélomanes que Stradella mérite d’être connu pour autre chose que son San Giovanni Battista.

Commentaires

VOUS AIMEZ NOUS LIRE… SOUTENEZ-NOUS

Vous pouvez nous aider à garder un contenu de qualité et à nous développer. Partagez notre site et n’hésitez pas à faire un don.
Quel que soit le montant que vous donnez, nous vous remercions énormément et nous considérons cela comme un réel encouragement à poursuivre notre démarche.
718w4oy35zl._sl1200_

Note ForumOpera.com

3

Note des lecteurs

()

Votre note

/5 ( avis)

Aucun vote actuellement

Infos sur l’œuvre

Opéra en trois actes, livret de Flavio Orsini

Détails

Doriclea

Emöke Baráth

Lucinda

Giuseppina Bridelli

Fidalbo

Xavier Sabata

Delfina

Gabriella Martellacci

Celindo

Luca Cervoni

Giraldo

Riccardo Novaro

Il Pomo d’Oro

Direction musicale

Andrea De Carlo

Enregistré à Caprarola, Scuderie Farnese, du 3 au 9 septembre 2017

3 CD Arcana A454 – 58’42 + 68’28 + 61’11

Nos derniers podcasts

Nos derniers swags

This be her Verse, par Golda Schultz et Jonathan Ware

La parole aux femmes
CDSWAG

Le Bourgeois Gentilhomme

Un gentilhomme en fête
CDSWAG

Debussy La Damoiselle élue

Lignes claires
CDSWAG

Les dernières interviews

Stanislas de Barbeyrac : « Il y aura peut-être un jour Tristan, si je suis sage »

Interview

Questionnaire de Proust – Sophie Koch : « Christian Thielemann compte beaucoup pour moi »

Interview

Sophie Koch : « Aborder Isolde, c’est être devant l’Everest »

Interview

Les derniers dossiers

Questionnaire de Proust

Dossier

Les grands entretiens de Charles Sigel

Dossier

Philippe Boesmans (1936 – 2022)

Dossier

Zapping

Vous pourriez être intéressé par :

Compositrices : une anthologie en 10 cd par le Palazzetto Bru Zane

Les connues, les moins connues, les inconnues…
Cyrille DUBOIS, Aude EXTRÉMO, Yann BEURON
CD

Mozart in Milan, Sacred music around the Exsultate, jubilate

L’ombre milanaise du Padre Martini
Maximiliano BAÑOS, Federico FIORIO, Raffaele GIORDANI
CD

Voyage intime

L’arbitraire de l’intime
David KADOUCH, Sandrine PIAU
CD

Strauss : Four last songs

Rachel Willis-Sørensen en quête de l’essentiel
Andris NELSONS, PILGRIM SEBASTIAN, Rachel WILLIS-SØRENSEN
CD