Forum Opéra

La Colombe

Partager sur :
Partager sur facebook
Partager sur twitter
Partager sur linkedin
Partager sur pinterest
Partager sur whatsapp
Partager sur email
Partager sur print
CD
25 novembre 2015
Un oiseau de bon augure

Note ForumOpera.com

3

Infos sur l’œuvre

Opéra-comique sur un livret en français de Jules Barbier et Michel Carré, d’après la fable Le Faucon de Jean de La Fontaine.

Version en deux actes créée le 7 juin 1866 à la Salle Favart (version initiale en un acte créée 3 août 1860 au Théâtre municipal de Baden-Baden)

Détails

Sylvie

Erin Morley

Horace

Javier Camarena

Mazet

Michèle Losier

Maître Jean

Laurent Naouri

Hallé Orchestra

Direction musicale

Mark Elder

Enregistré à Hallé St’Peter’s, Ancoats, Manchester en juin 2015

2 CD Opera Rara ORC53 – 79’59

Le succès de Faust et de Roméo et Juliette a largement éclipsé les autres œuvres de Charles Gounod, dont dix ouvrages lyriques parmi lesquels trois opéras-comiques, et La Colombe n’est guère jouée à l’époque moderne (on rappelera une rare production scénique de Pierre Jourdan à Compiègne dans les années 90, avec les récitatifs composés par Francis Poulenc en remplacement des dialogues parlés).

S’agissant donc d’un ouvrage peu connu, il n’est sans doute pas inutile de nous attarder sur l’intrigue. L’action se passe à Florence. Horace a perdu sa fortune pour les beaux yeux de l’ingrate Sylvie qui l’a quitté. Il possède une colombe savante qui « porte les billets doux sans se tromper d’adresse, et qui range dans l’ordre les six lettres qui composent le nom de Sylvie que son maître lui a donné ». Pour rivaliser avec le perroquet savant de sa rivale Amynte, Sylvie envoie son majordome, Maître Jean, afin de négocier l’achat de l’oiseau rare, mais celui-ci est éconduit. Maître Jean a tout de suite compris qu’Horace était toujours amoureux et il suggère à Sylvie de venir elle-même réclamer la colombe. La jeune femme se rend chez le jeune homme et profite de son émotion pour s’inviter à dîner. L’acte II s’ouvre par les préparatifs du repas : Mazet, le serviteur d’Horace, est revenu les mains vides car les fournisseurs refusent de faire crédit au jeune homme ruiné. Après de longues discussions, Horace et Mazet décident que c’est la colombe qui fera l’ordinaire du repas. Restée seule, Sylvie sent son amour renaître. Au dîner, elle finit par renoncer à réclamer la colombe et quand elle apprend son sacrifice par Horace, elle lui déclare son amour. Heureusement, Mazet revient pour annoncer que la colombe est sauve : la compagnie vient de déguster le perroquet d’Amynte qui s’était échappé ! Pour étoffer ce canevas bien faible, Gounod et ses librettistes ont ajouté quelques airs « de remplissage » : une diatribe misogyne de Mazet, une apologie de l’art de la cuisine pour Maître Jean en ouverture de l’acte II, etc. 

La partition de Charles Gounod est intéressante à défaut d’être captivante. La musique est toujours d’une grande élégance, mais un rien compassée :  il y manque cet humour léger, cette distance,  sans lesquels il n’est pas d’opéra-comique vraiment réussi.  L’inspiration mélodique n’est pas toujours au rendez-vous et l’ouvrage manque de « tubes ». IL faut réécouter l’ouvrage pour mieux en apprécier les qualités. L’auditeur s’amusera aussi à retrouver quelques réminiscences : le madrigal de Roméo pour le premier air d’Horace, le duo « Dieu de bonté » pour le finale de l’acte I, quelques notes du ballet de Faust, « Ô pauvreté funeste » qui rappelle « Ô jours de deuil », toujours dans Roméo et Juliette, etc. Rappelons que l’ouvrage a été composé au moment de Faust, et révisé pendant Roméo et Juliette.

Le ténor mexicain Javier Camarena est un Horace de luxe : la voix est vaillante quand il le faut (le finale du premier acte exige quelques aigus triomphants), mais sait se faire délicate pour les passages les plus élégiaques. Malgré une tessiture tendue, le chant semble sans effort. Le timbre est agréable. La diction chantée est correcte, avec un léger accent latin, mais le texte n’est pas toujours bien rendu. Le français parlé est perfectible, avec une interprétation un peu mièvre. L’américaine Erin Morley est une Sylvie relativement corsée, diseuse subtile, très à l’aise dans les vocalises et dans les suraigus, mais son français parlé est très insuffisant, avec un accent anglo-saxon très prononcé. La québécoise Michèle Losier affiche une certaine méforme, avec un vibratello trop accentué, et son chant est assez incompréhensible. S’agissant d’une chanteuse francophone,  son français parlé manque singulièrement de naturel. Laurent Naouri est en revanche impeccable sur tous les plans : le chant est subtilement conduit, et ses dialogues sont parfaitement rendus. Un vrai bonheur qui nous fait regretter le manque de maîtrise du français parlé et chanté du reste de la distribution : dans ce répertoire, la prosodie est aussi importante que la musique. Mark Elder maîtrise en revanche excellement le style français et allie élégance et vivacité, à la tête d’une formation de belle qualité. Enfin, signalons que, comme toujours chez Opera Rara, la prise de son est excellente. Souhaitons que cette Colombe soit l’augure de nouveaux enregistrements d’opéras français par Opera Rara !

Commentaires

VOUS AIMEZ NOUS LIRE… SOUTENEZ-NOUS

Vous pouvez nous aider à garder un contenu de qualité et à nous développer. Partagez notre site et n’hésitez pas à faire un don.
Quel que soit le montant que vous donnez, nous vous remercions énormément et nous considérons cela comme un réel encouragement à poursuivre notre démarche.
colombe_gounod

Note ForumOpera.com

3

Note des lecteurs

()

Votre note

/5 ( avis)

Aucun vote actuellement

Infos sur l’œuvre

Opéra-comique sur un livret en français de Jules Barbier et Michel Carré, d’après la fable Le Faucon de Jean de La Fontaine.

Version en deux actes créée le 7 juin 1866 à la Salle Favart (version initiale en un acte créée 3 août 1860 au Théâtre municipal de Baden-Baden)

Détails

Sylvie

Erin Morley

Horace

Javier Camarena

Mazet

Michèle Losier

Maître Jean

Laurent Naouri

Hallé Orchestra

Direction musicale

Mark Elder

Enregistré à Hallé St’Peter’s, Ancoats, Manchester en juin 2015

2 CD Opera Rara ORC53 – 79’59

Nos derniers podcasts

Nos derniers swags

This be her Verse, par Golda Schultz et Jonathan Ware

La parole aux femmes
CDSWAG

Le Bourgeois Gentilhomme

Un gentilhomme en fête
CDSWAG

Debussy La Damoiselle élue

Lignes claires
CDSWAG

Les dernières interviews

Stanislas de Barbeyrac : « Il y aura peut-être un jour Tristan, si je suis sage »

Interview

Questionnaire de Proust – Sophie Koch : « Christian Thielemann compte beaucoup pour moi »

Interview

Sophie Koch : « Aborder Isolde, c’est être devant l’Everest »

Interview

Les derniers dossiers

Questionnaire de Proust

Dossier

Les grands entretiens de Charles Sigel

Dossier

Philippe Boesmans (1936 – 2022)

Dossier

Zapping

Vous pourriez être intéressé par :

Compositrices : une anthologie en 10 cd par le Palazzetto Bru Zane

Les connues, les moins connues, les inconnues…
Cyrille DUBOIS, Aude EXTRÉMO, Yann BEURON
CD

Mozart in Milan, Sacred music around the Exsultate, jubilate

L’ombre milanaise du Padre Martini
Maximiliano BAÑOS, Federico FIORIO, Raffaele GIORDANI
CD

Voyage intime

L’arbitraire de l’intime
David KADOUCH, Sandrine PIAU
CD

Strauss : Four last songs

Rachel Willis-Sørensen en quête de l’essentiel
Andris NELSONS, PILGRIM SEBASTIAN, Rachel WILLIS-SØRENSEN
CD