Les rééditions des enregistrements de Kathleen Ferrier ne se comptent plus. Le label Alto nous a déjà valu trois CD de notre irremplaçable contralto (*). Cette nouvelle parution n’apporte évidemment rien que nous ne connaissions déjà, sinon sa toute première approche de la Passion selon Saint-Matthieu (1946, avec Sir Malcolm Sargent). En dehors des deux extraits de la Messe en si mineur et du célèbre Ombra mai fu, tout est chanté en anglais. Son intérêt réside dans l’illustration d’œuvres de Bach et de Haendel, dans sa générosité (79′ 30), dans la modicité de son prix, mais – surtout – dans une nouvelle restauration des originaux empruntés à Decca et à EMI.
Comment n’être pas touché par cette émission ample, par son timbre chaud, son legato et sa longueur de voix, au service d’une expression toujours juste ? Evidemment, le néophyte qui en ferait la découverte serait déconcerté par les tempi, par les timbres d’orchestres prestigieux, qui s’inscrivaient dans la tradition de l’oratorio anglais du XIXe s. Drame et prière se rejoignent, y compris dans Atalanta et Rodelinda, les frontières sont abolies entre le sacré et le profane. La ferveur et l’émotion sont bien présentes. Un témoignage irremplaçable.
La notice est indigente, centrée sur la biographie de la cantatrice. Les dates des enregistrements sont omises, que nous avons restituées.
(*) L’Orfeo de Gluck ; Das Lied von der Erde, couplé aux Rückert Lieder, comme sur le vinyle d’origine ; puis les Kindertoten Lieder, avec Frauenliebe und Leben, de Schumann, et les Vier ernste Lieder de Brahms)