Forum Opéra

Johannes Brahms – Lieder

Partager sur :
Partager sur facebook
Partager sur twitter
Partager sur linkedin
Partager sur pinterest
Partager sur whatsapp
Partager sur email
Partager sur print
CD
25 juillet 2016
Brahmsiade

Note ForumOpera.com

4

Infos sur l’œuvre

Johannes Brahms (1833-1897)

Liebeslieder- Walzer op.52 et op.65

Lieder op.94

“Botschaft” op.47 n°1

“Wie bist du, meine Königin” op.32 n°9

“Meine Liebe ist grün” op.63 n°5

“An eine Äolsharfe” op.19 n°5

“Feldeinsamkeit” op.86 n°2

“Immer leiser wird mein Schlummer” op.105 n°2

Détails

Thomas Quasthoff

Baryton

Andrea Rost

Soprano

Matthew Polenzani

Ténor

Magdalena Kozena

Alto

James Levine et Yefim Bronfman, piano

Enregistré au festival de Verbier en 2003

1 CD Deutsche Grammophon 3128542, 72’

Pendant treize ans, ces bandes ont langui dans les caves de la Deutsche Grammophon. A leur écoute, on serait bien en peine de dire pourquoi. Ont-elles été considérées comme trop peu vendeuses ? Un producteur distrait les a-t-il laissées au bas d’une pile ? Ou bien d’obscures histoires d’exclusivité ? Quoi qu’il en soit, ces 70 minutes de musique s’écoutent dans une félicité constante. De plus, elles constituent une porte d’entrée idéale dans le monde des lieder de Brahms, lesquels sont peu programmés si on compare à ceux de Schubert ou de Schumann, et sont d’un abord assez délicat. En choisissant de donner ici les deux cycles de Liebeslieder-Walzer, l’éditeur met en évidence le visage le plus aimable du compositeur, Brahms à son plus viennois, ensoleillé et charmeur. Les lieder de l’opus 94 sont également un choix avisé pour s’adresser au néophyte : leur force émotionnelle est d’un impact irrésistible. Il en va de même des morceaux épars qui complètent le programme, qui ont été choisi avec beaucoup de discernement, pour chaque fois offrir un aspect différent de l’art de Brahms. Le lyrisme dans « Botschaft », la rigueur de l’architecture dans « Wie bist du, meine Königin », l’impatience enthousiaste dans « Meine Liebe ist grün ».

Autre écueil évité : la monotonie, qui guette pas mal d’albums de lieder, parce qu’un seul chanteur doit y varier presque à l’infini les atmosphères. Ici, ce sont pas moins de quatre chanteurs qui sont réunis, accompagnés de deux pianistes. Miracle du casting : tout en étant chacun des solistes confirmés, les participants forment une équipe soudée dans les Liebeslieder op.52 et 65, où les quatre voix sont traitées sur un pied d’absolue égalité par un compositeur très sûr de son contrepoint. Les autres lieder sont répartis de manière équitable.

C’est le ténor Matthew Polenzani qui ouvre le feu, avec une voix idéalement souple et lumineuse, et une sorte d’héroïsme intime qui est difficile à décrire par les mots mais qui convient parfaitement dans ces délicates miniatures. Celui qui fut un merveilleux David des Meistersinger dans la production du Met de New York filmée en 2001 confirme qu’il est deux ans plus tard passé maître dans l’art du récital.  On regrette que sa carrière n’ait pas entre temps pris le virage qu’elle méritait.

Changement total d’atmosphère avec Magdalena Kozena. C’est la fêlure, la misère de la femme délaissée qu’on entend ici, dans une voix qui évoque un cristal parcouru de nervures délicates. Le « Immer leiser wird mein Schlummer » est étreignant. La prestation d’Andrea Rost n’est pas présente sur le pré-CD envoyé à la presse musicale, mais le feu et la grâce qu’elle met dans les Liebeslieder sont de bon augure. A Thomas Quasthoff reviennent comme souvent le tragique et le funèbre. Le baryton sait toutefois jusqu’où aller dans l’expression sans détruire la ligne, et sa prestation est un modèle d’équilibre, sur la ligne de crête entre beauté et désespoir.

Celui qu’il ne faut surtout pas oublier de mentionner, c’est James Levine, malgré le talent qu’il met à se faire petit. Constamment à l’écoute, prêt à relancer le discours, à fournir à ses chanteurs un appui solide, « Jimmy » renoue avec les qualités qui ont fait de lui un grand chef d’opéra : l’activité fébrile et l’énergie, jointes à une totale discrétion. Il est rejoint dans les Liebeslieder par un Yefim Bronfman qui délaisse les spots de sa carrière de soliste et les pyrotechnies virtuoses pour s’adonner à la joie toute simple de faire de la musique ensemble. Au total, un CD admirable, qui est à recommander à tous ceux qui ont encore peur de rentrer dans le monde fascinant des lieder de Brahms.

 

Commentaires

VOUS AIMEZ NOUS LIRE… SOUTENEZ-NOUS

Vous pouvez nous aider à garder un contenu de qualité et à nous développer. Partagez notre site et n’hésitez pas à faire un don.
Quel que soit le montant que vous donnez, nous vous remercions énormément et nous considérons cela comme un réel encouragement à poursuivre notre démarche.
brahmslevine

Note ForumOpera.com

4

Note des lecteurs

()

Votre note

/5 ( avis)

Aucun vote actuellement

Infos sur l’œuvre

Johannes Brahms (1833-1897)

Liebeslieder- Walzer op.52 et op.65

Lieder op.94

“Botschaft” op.47 n°1

“Wie bist du, meine Königin” op.32 n°9

“Meine Liebe ist grün” op.63 n°5

“An eine Äolsharfe” op.19 n°5

“Feldeinsamkeit” op.86 n°2

“Immer leiser wird mein Schlummer” op.105 n°2

Détails

Thomas Quasthoff

Baryton

Andrea Rost

Soprano

Matthew Polenzani

Ténor

Magdalena Kozena

Alto

James Levine et Yefim Bronfman, piano

Enregistré au festival de Verbier en 2003

1 CD Deutsche Grammophon 3128542, 72’

Nos derniers podcasts

Nos derniers swags

This be her Verse, par Golda Schultz et Jonathan Ware

La parole aux femmes
CDSWAG

Le Bourgeois Gentilhomme

Un gentilhomme en fête
CDSWAG

Debussy La Damoiselle élue

Lignes claires
CDSWAG

Les dernières interviews

Stanislas de Barbeyrac : « Il y aura peut-être un jour Tristan, si je suis sage »

Interview

Questionnaire de Proust – Sophie Koch : « Christian Thielemann compte beaucoup pour moi »

Interview

Sophie Koch : « Aborder Isolde, c’est être devant l’Everest »

Interview

Les derniers dossiers

Questionnaire de Proust

Dossier

Les grands entretiens de Charles Sigel

Dossier

Philippe Boesmans (1936 – 2022)

Dossier

Zapping

Vous pourriez être intéressé par :

Compositrices : une anthologie en 10 cd par le Palazzetto Bru Zane

Les connues, les moins connues, les inconnues…
Cyrille DUBOIS, Aude EXTRÉMO, Yann BEURON
CD

Mozart in Milan, Sacred music around the Exsultate, jubilate

L’ombre milanaise du Padre Martini
Maximiliano BAÑOS, Federico FIORIO, Raffaele GIORDANI
CD

Voyage intime

L’arbitraire de l’intime
David KADOUCH, Sandrine PIAU
CD

Strauss : Four last songs

Rachel Willis-Sørensen en quête de l’essentiel
Andris NELSONS, PILGRIM SEBASTIAN, Rachel WILLIS-SØRENSEN
CD