Cet enregistrement des plus belles pièces sacrées de Francis Poulenc sonne avant tout comme une confirmation : confirmation que Paavo Järvi a de grandes affinités avec la musique française et que son Orchestre de Paris est dans une forme superlative, avec notamment des bois remarquables. Dans ce répertoire qui les met tant en valeur, il s’agit d’un atout considérable. On a rarement entendu ces œuvres aussi bien jouées.
Järvi semble quant à lui comme un poisson dans l’eau avec ces partitions où il trouve toujours le tempo juste et dont il exalte tant la fantaisie que la profondeur. Seules les Litanies à la Vierge Noire (jouées dans leur superbe transcription pour orchestre à cordes et timbales) manquent de mystère, de demi-teintes, d’émotion. La faute aussi à un chœur trop sonore et charnu alors qu’on aurait souhaité quelque chose de plus évanescent dans une partition approchant le sublime.
Le Chœur de l’Orchestre de Paris est par ailleurs l’un des points problématiques de cet enregistrement. Même s’il a été remarquablement préparé par son chef Lionel Show, il n’en affiche pas moins les couleurs d’un chœur amateur, ce qui est surtout sensible chez les messieurs… La comparaison avec d’autres enregistrements, par exemple celui – magnifique, et avec le même programme – de Richard Hickox (Westminster Singers), est assez cruel.
Quant à Patricia Petibon… elle fait du Petibon. La pochette du CD (superbe, avec une photo qui semble sortie d’un film de Jane Campion) montre qu’elle est d’ailleurs au centre du projet… un peu trop sans doute pour des œuvres essentiellement chorales.Très investie, la chanteuse impose sa personnalité fantasque dans des œuvres qui n’en demandent pas tant. (Ab)usant de sons plats éthérés et d’une langueur un peu surprenante, on est parfois au bord du minaudage… (par exemple dans le Domine Deus du Gloria). Selon les goûts, on trouvera cela irritant ou original…
Notre Operabox avec Patricia Petibon (nov. 2011)