Forum Opéra

Das Marienleben

arrow_back_iosarrow_forward_ios
Partager sur :
Partager sur facebook
Partager sur twitter
Partager sur linkedin
Partager sur pinterest
Partager sur whatsapp
Partager sur email
Partager sur print
CD
20 août 2018
Vierge de douleur

Note ForumOpera.com

2

Infos sur l’œuvre

Cycle de mélodies sur des poèmes de Rainer Maria Rilke, op. 27

Créé à Francfort le 15 octobre 1923

Détails

Juliane Banse, soprano

Martin Helmchen, piano

Enregistré à Brême, en studio et en concert, en setpembre 2017

1 CD Alpha 398 – 70’47

Il aura fallu près d’un siècle pour y arriver, mais certaines œuvres du turbulent XXe siècle finissent par s’installer comme des piliers du répertoire, et certains noms, jadis encore peu familiers, s’imposent comme les classiques de la modernité. Peu à peu, Paul Hindemith trouve la place qui lui revient dans l’histoire du dernier siècle musical, et ses principaux opéras ne font plus peur à personne. Sa production vocale ne se limite pourtant pas à ses œuvres scéniques, comme en témoigne l’ambitieux cycle de lieder qui lui fut inspiré en 1922 par le poème de Rainer Maria Rilke, Das Marien-Leben, écrit dix ans auparavant. Par la qualité des textes et par le caractère éminemment personnel de leur mise en musique, cette « Vie de la Vierge Marie » en quinze épisodes s’inscrit incontestablement au panthéon des très grandes pages vocales des cent dernières années. Par ailleurs, et c’est assez rare pour qu’on le souligne, le disque proposé par Alpha présente non pas la version révisée en 1948, comme 90% des enregistrements disponibles, mais bien la version originale de l’œuvre, plus âpre, plus audacieuse, qui donne fort à faire aux deux interprètes. L’excellent pianiste Martin Helmchen n’a donc vraiment pas l’occasion de se tourner les pouces, et Hindemith sollicite constamment l’instrumentiste, dont la prestation est parfois invitée à passer au premier plan.

Juliane Banse est une chanteuse courageuse, qui n’a jamais craint d’aborder des œuvres rares et de tenir sur scène des rôles qu’elle aurait rarement l’occasion de rechanter. A Paris, on a ainsi pu l’entendre dans Fierrabras aux côtés de Jonas Kaufmann (au Châtelet en 2006), et la musique de notre temps a trouvé en elle une avocate de choix, comme il suffit de consulter son agenda pour s’en assurer : ces dernières années, elle a certes chanté dans Le Devoir du premier commandement, de Mozart, mais elle a surtout participé à une création mondiale à Zürich (Lunea, de Heinz Holliger), elle a redonné vie à la Jeanne d’Arc de Krenek, elle interprété La Voix humaine… Humainement, l’artiste est attachante, et elle bénéficie d’un réel capital de sympathie. Hélas, sa voix ne se révèle pas toujours à la hauteur de toutes ces bonnes intentions, et l’aigu n’a pas vraiment tout pour plaire, entre son côté acide et le vibrato large qui l’affecte. Nous l’avions déjà signalé à propos de son Elsa de concert à Nantes, Juliane Banse n’est, à ce point de sa carrière, plus en mesure de servir dignement les héroïnes innocentes du grand répertoire. C’est peut-être ce qui a poussé la soprano à se mettre au service du répertoire du XXe siècle, où l’on attend moins de pureté sonore ; de fait, elle a pu servir avec un brio remarquable des compositeurs comme Reimann ou Henze.

Dans Das Marienleben, on est d’abord sensible à ce côté un peu désagréable des aigus, mais on se laisse bientôt convaincre par l’expressivité de l’artiste, dont l’articulation exemplaire contribue à mettre en avant le sens du texte. A cent lieues de ce qu’en tiraient Erna Berger, Gundula Janowitz ou, plus récemment, Rachel Harnisch, c’est à une interprétation quasi expressionniste que l’on a ici affaire, ce qui n’a rien d’un contresens compte tenu de l’époque à laquelle cette musique a été conçue. Ce n’est peut-être pas l’option la plus séduisante, mais elle est légitime, d’autant que ces lieder n’ont rien de l’intimité des mélodies de salon.

Commentaires

VOUS AIMEZ NOUS LIRE… SOUTENEZ-NOUS

Vous pouvez nous aider à garder un contenu de qualité et à nous développer. Partagez notre site et n’hésitez pas à faire un don.
Quel que soit le montant que vous donnez, nous vous remercions énormément et nous considérons cela comme un réel encouragement à poursuivre notre démarche.
roqw5pt1mhfwa_600

Note ForumOpera.com

2

Note des lecteurs

()

Votre note

/5 ( avis)

Aucun vote actuellement

Infos sur l’œuvre

Cycle de mélodies sur des poèmes de Rainer Maria Rilke, op. 27

Créé à Francfort le 15 octobre 1923

Détails

Juliane Banse, soprano

Martin Helmchen, piano

Enregistré à Brême, en studio et en concert, en setpembre 2017

1 CD Alpha 398 – 70’47

Nos derniers podcasts

Nos derniers swags

This be her Verse, par Golda Schultz et Jonathan Ware

La parole aux femmes
CDSWAG

Le Bourgeois Gentilhomme

Un gentilhomme en fête
CDSWAG

Debussy La Damoiselle élue

Lignes claires
CDSWAG

Les dernières interviews

Stanislas de Barbeyrac : « Il y aura peut-être un jour Tristan, si je suis sage »

Interview

Questionnaire de Proust – Sophie Koch : « Christian Thielemann compte beaucoup pour moi »

Interview

Sophie Koch : « Aborder Isolde, c’est être devant l’Everest »

Interview

Les derniers dossiers

Questionnaire de Proust

Dossier

Les grands entretiens de Charles Sigel

Dossier

Philippe Boesmans (1936 – 2022)

Dossier

Zapping

Vous pourriez être intéressé par :

Compositrices : une anthologie en 10 cd par le Palazzetto Bru Zane

Les connues, les moins connues, les inconnues…
Cyrille DUBOIS, Aude EXTRÉMO, Yann BEURON
CD

Mozart in Milan, Sacred music around the Exsultate, jubilate

L’ombre milanaise du Padre Martini
Maximiliano BAÑOS, Federico FIORIO, Raffaele GIORDANI
CD

Voyage intime

L’arbitraire de l’intime
David KADOUCH, Sandrine PIAU
CD

Strauss : Four last songs

Rachel Willis-Sørensen en quête de l’essentiel
Andris NELSONS, PILGRIM SEBASTIAN, Rachel WILLIS-SØRENSEN
CD