Certains logiciels informatiques seraient-ils doués de prescience ? C’est dans le genre « easy listening » qu’iTunes range le dernier album des Frivolités Parisiennes : Cole Porter in Paris. Quel meilleur choix tant l’album s’écoute facilement ?
Enregistrées live au Châtelet fin décembre 2021, vingt-et-une songs réunies par Christophe Mirambeau racontent le séjour en France dans les années 1920 du célèbre compositeur américain de comédies musicales. Quelques hits – « I love Paris » évidemment – entrecoupés de dialogues et mis en scène formaient un spectacle que l’on imagine réjouissant. « 1918, life is beautiful et je suis à Paris ! », tout un programme. Transposé sur galette de polycarbonate, le show demeure distrayant en dépit de l’absence de fil narratif. Cette musique, que l’on aurait tort de ne pas penser savante – Cole Porter étudia avec le compositeur Vincent d’Indy, à la Schola Cantorum – respire une joie de vivre communicative. C’est que l’époque était encore belle.
L’orchestre des Frivolités Parisiennes swingue comme au temps du Bœuf sur le toit. Voix de comédie musicale – Yoni Amar, Leovanie Raid – côtoient sans complexe des chanteurs de formation lyrique – Marion Tassou, Richard Delestre –, ce qui peut déconcerter l’amateur d’opéra. « Ce projet marque aussi un tournant dans l’histoire de la compagnie puisque nous changeons légèrement de cap », expliquent Benjamin El Arbi et Mathieu Franot, les fondateurs des Frivolités Parisiennes, « on se dirige vers un style plus jazzy et swing, sans pour autant devenir un big band mais en élargissant nos horizons en termes de répertoire au-delà des opéras comiques ou opéras bouffes du XIXe siècle. Avec Cole in Paris, on s’installe dans le répertoire du premier XXe siècle, et on s’y sent bien ». Coup de roulis d’André Messager et Ô mon bel inconnu à l’Athénée cette saison devraient nous le confirmer.