Forum Opéra

Carlo, Re d’Alemagna

Partager sur :
Partager sur facebook
Partager sur twitter
Partager sur linkedin
Partager sur pinterest
Partager sur whatsapp
Partager sur email
Partager sur print
CD
16 décembre 2013
Charles, Kaiser !

Note ForumOpera.com

4

Infos sur l’œuvre

Alessandro SCARLATTI (1660-1725) –
Carlo, Re d’Alemagna –
Opéra en trois actes (1716) –
Livret de Giuseppe Papis

Détails

Lotario
Romina Basso
Giuditta
Roberta Invernizzi
Berardo
Carlo Allemano
Asprando
Jose Maria Lo Monaco
Gildippe
Marina de Liso
Bleso
Roberto Abbondanza

Stavanger Symphony Orchestra
Direction musicale
Fabio Biondi

Enregistré au Stavanger Konzerthus, novembre – décembre 2009

3 CD Agogique AGO 015 – 2h49

 

Dans la famille Scarlatti, on connait surtout Domenico et ses 555 sonates pour clavier, qui font les délices des virtuoses en mal de bis. Mais le père, Alessandro, n’est pas à négliger : sa carrière brillantissime, où il fut choyé par maintes têtes couronnées, se terminera en apothéose à la cour de Naples, où il produira de nombreux opéras qui fixeront définitivement les canons du genre à l’époque baroque. Son influence sur des compositeurs comme Haendel, Hasse ou Porpora est évidente.

Carlo, Re d’Alemagna date de 1716, soit la fin de sa vie, et montre le compositeur au faîte de ses moyens. On passera rapidement sur un livret d’une complexité rebutante. Le Carlo dont il est question est Charles le Chauve (rôle muet), souverain carolingien, aux prises avec son demi-frère Lotario, qui convoite le trône. Cela serait simple si ne s’ajoutait une multitude de sous-intrigues amoureuses, où l’honneur de l’impératrice Giuditta est mis en cause, ce qui a pour effet d’empêcher les jeunes Adalgiso et Gildippe de convoler en justes noces, sans qu’on comprenne très bien le rapport … Bref, Les feux de l’amour en version XVIIIe. Mais on réalise bien vite que le texte n’a pour but que de créer des situations dramatiques où le compositeur insufflera toute la verve de son génie. Aria di furore, di vendetta, di melancholia, intermèdes comiques, nombreux duos, Scarlatti reçoit la possibilité de faire briller son écriture vocale de mille feux. Tout est enlevé, impétueux et pétillant. Le maestro napolitain sait comment utiliser les ressources de la voix humaine, et sa partition est une pyrotechnie lyrique. Ajoutez à cela une écriture orchestrale inhabituellement riche, avec cors et timbales, secouez le tout, et vous obtenez un opéra dont on ne sait pas très bien ce qu’il vaudrait en scène, mais qui vous clouera à votre siège à la simple écoute.

Maître d’œuvre de cette première mondiale, Fabio Biondi a eu l’étrange idée d’utiliser un orchestre d’instruments modernes, le symphonique de Stavanger, et de tenter de lui inculquer les réflexes de l’interprétation « baroqueuse ». On reste stupéfait par la flexibilité dont font preuve les musiciens scandinaves, en adaptant les sonorités généreuses de leurs instruments au phrasé requis : on a droit à la fois au moelleux d’un ensemble moderne, et à la fraîcheur d’un orchestre d’instruments anciens, avec des cordes qui savent jouer staccato et des vents corsés à souhait.

L’équipe de chanteurs réunie par le chef italien n’appelle que des éloges. Timbre velouté, voix ténébreuse, engagement dramatique total, Romina Basso est fidèle à sa réputation et déjoue tous les pièges de sa partie. De plus, son contralto est suffisamment sombre pour arriver à faire croire que Lotario est bien un homme, ce qui permet de passer au-dessus d’une des conventions de l’opéra de l’époque. Roberta Invernizzi est sublime d’agilité et de virtuosité en Giuditta, et la basse Roberto Abbondanza semble s’amuser beaucoup dans ses épisodes « buffe ». Le cas du ténor Carlo Allemano est un peu différent. Voilà une voix large, d’évidence destinée au romantisme et à Puccini. Mais le chanteur parvient à limiter son vibrato et à articuler ses coloratures, ce qui lui permet de rester dans le style idoine, tout en gardant chaleur, puissance et virilité. Un coffret à découvrir d’urgence pour tous les amateurs d’opéra baroque, et qui est en outre un plaidoyer remarquable en faveur de la diversité stylistique.

 

Commentaires

VOUS AIMEZ NOUS LIRE… SOUTENEZ-NOUS

Vous pouvez nous aider à garder un contenu de qualité et à nous développer. Partagez notre site et n’hésitez pas à faire un don.
Quel que soit le montant que vous donnez, nous vous remercions énormément et nous considérons cela comme un réel encouragement à poursuivre notre démarche.
1eda517113718cb7e4c8cc8382aca87f

Note ForumOpera.com

4

Note des lecteurs

()

Votre note

/5 ( avis)

Aucun vote actuellement

Infos sur l’œuvre

Alessandro SCARLATTI (1660-1725) –
Carlo, Re d’Alemagna –
Opéra en trois actes (1716) –
Livret de Giuseppe Papis

Détails

Lotario
Romina Basso
Giuditta
Roberta Invernizzi
Berardo
Carlo Allemano
Asprando
Jose Maria Lo Monaco
Gildippe
Marina de Liso
Bleso
Roberto Abbondanza

Stavanger Symphony Orchestra
Direction musicale
Fabio Biondi

Enregistré au Stavanger Konzerthus, novembre – décembre 2009

3 CD Agogique AGO 015 – 2h49

Nos derniers podcasts

Nos derniers swags

This be her Verse, par Golda Schultz et Jonathan Ware

La parole aux femmes
CDSWAG

Le Bourgeois Gentilhomme

Un gentilhomme en fête
CDSWAG

Debussy La Damoiselle élue

Lignes claires
CDSWAG

Les dernières interviews

Stanislas de Barbeyrac : « Il y aura peut-être un jour Tristan, si je suis sage »

Interview

Questionnaire de Proust – Sophie Koch : « Christian Thielemann compte beaucoup pour moi »

Interview

Sophie Koch : « Aborder Isolde, c’est être devant l’Everest »

Interview

Les derniers dossiers

Questionnaire de Proust

Dossier

Les grands entretiens de Charles Sigel

Dossier

Philippe Boesmans (1936 – 2022)

Dossier

Zapping

Vous pourriez être intéressé par :

Compositrices : une anthologie en 10 cd par le Palazzetto Bru Zane

Les connues, les moins connues, les inconnues…
Cyrille DUBOIS, Aude EXTRÉMO, Yann BEURON
CD

Mozart in Milan, Sacred music around the Exsultate, jubilate

L’ombre milanaise du Padre Martini
Maximiliano BAÑOS, Federico FIORIO, Raffaele GIORDANI
CD

Voyage intime

L’arbitraire de l’intime
David KADOUCH, Sandrine PIAU
CD

Strauss : Four last songs

Rachel Willis-Sørensen en quête de l’essentiel
Andris NELSONS, PILGRIM SEBASTIAN, Rachel WILLIS-SØRENSEN
CD