Forum Opéra

Being Beauteous – Kammermusik 1958

Partager sur :
Partager sur facebook
Partager sur twitter
Partager sur linkedin
Partager sur pinterest
Partager sur whatsapp
Partager sur email
Partager sur print
CD
13 avril 2016
Vive les sérial-traîtres !

Note ForumOpera.com

4

Infos sur l’œuvre

Détails

Being Beauteous, cantate pour soprano colorature, harpe et quatre violoncelles

Kammermusik1958, pour ténor, guitare et orchestre à cordes

Anna Prohaska, soprano

Peter Gijsbertsen, ténor

Sophia Whitson, harpe

Jürgen Ruck, guitar

NDR Sinfonieorchester

Direction musicale

Peter Ruzicka

Enregistrement réalisé en janvier 2013 et mai 2015 au studio Rolf Liebermann, Hambourg

1 CD Wergo WER 7334 2 – 63’54

Dans les années 1950, on n’y allait pas par quatre chemins : un siècle auparavant, Marx avait inventé les « social-traîtres », et Boulez dénonçait, lui, ce qu’on pourrait appeler les « sérial-traîtres ». Alors que toute l’Allemagne musicale aurait dû tourner les yeux et les oreilles vers Darmstadt, quelques téméraires osaient emprunter d’autres voies. A commencer par Hans-Werner Henze, dont on se demande s’il ne pâtit pas encore aujourd’hui de cette mauvaise réputation que lui confectionna l’avant-garde. Mort en octobre 2012, après avoir collectionné les succès, Henze connaîtra-t-il une traversée du désert ? En France, les grandes institutions se gardent bien de programmer ses opéras, alors que plusieurs d’entre eux firent une belle carrière internationale. Peut-être ses cycles de mélodies seraient-ils alors une voie d’accès plus facile pour entretenir la flamme du souvenir : plus brèves, indépendantes de toute visualisation scénique, ces œuvres-là possèdent une séduction qui leur permettra sans doute de survivre plus facilement.

Les deux titres réunis par le label Wergo soulignent en fait tout ce qui rapproche Henze de son aîné Benjamin Britten ; tout le mal qu’on souhaite au compositeur allemand, c’est de connaître une postérité aussi éclatante que le Britannique. D’abord, une coïncidence frappante : en 1939, lorsqu’il avait mis en musique Les Illuminations de Rimbaud, Britten avait placé en septième position de son cycle le poème « Being Beauteous », celui-là même que choisit Henze en 1963. Evidemment, le traitement n’est pas du tout le même. La longueur, d’une part : là où Britten se contente d’à peine plus de quatre minutes, Henze consacre un quart d’heure au texte rimbaldien, en laissant de grandes respirations pour les instruments seuls (quatre violoncelles et une harpe). L’écriture, d’autre part : sans pourtant jamais écorcher les oreilles, la partition exige de la soprano des suraigus et toutes sortes d’effets extrêmes. Rien de tout cela ne fait peur à Anna Prohaska, habituée tant à la musique la plus contemporaine qu’à la vocalité baroque. Les moyens sont assez différents de ceux d’Edda Moser, la première à avoir enregistré cette page, mais par ses ressources expressives, la soprano sait conférer à cette page tout le mystère qu’elle réclame. Seul le français pourrait être un rien plus naturel, mais il faut bien avouer que Henze lui-même ne semble en aucun cas avoir cherché à respecter la prosodie de notre langue, traitant très librement les syllabes et les sons (là où Britten se montre plus francophone dans ses Illuminations, créées par la Suissesse Sophie Wyss).

Plus britténien encore, le poème de Hölderlin In lieblicher Bläue, conçu pour Peter Pears, avec accompagnement de guitare et huit instruments solistes ; lesdits musiciens sont ici remplacés par un orchestre à cordes, version qui connaît avec ce disque son premier enregistrement mondial. Comme l’indique son titre, Kammermusik 1958 fut créé cette année-là, par le compagnon de Britten, et l’alliance de la guitare et de la voix n’est pas sans rappeler certains passages de Gloriana (1953). Peter Gijsbertsen possède une voix incontestablement plus suave que Pears, et a le timbre qui convient à cette partition, éloge poético-philosophique de la beauté romantique. C’est bien un Peter Quint, un Peter Grimes qu’on croit souvent entendre ici. Comme Anna Prohaska, le ténor néerlandais fait lui aussi le grand écart entre musique ancienne (The Fairy Queen à Glyndebourne, notamment) et compositeurs du XXe siècle (le novice dans Billy Budd, toujours à Glyndebourne). Ainsi guidé, qui refuserait de s’aventurer dans l’univers de Henze ?

Commentaires

VOUS AIMEZ NOUS LIRE… SOUTENEZ-NOUS

Vous pouvez nous aider à garder un contenu de qualité et à nous développer. Partagez notre site et n’hésitez pas à faire un don.
Quel que soit le montant que vous donnez, nous vous remercions énormément et nous considérons cela comme un réel encouragement à poursuivre notre démarche.
61nla9ku3sl._sx355_pjautoripredesignedbadgetopright0-35_ou11_

Note ForumOpera.com

4

Note des lecteurs

()

Votre note

/5 ( avis)

Aucun vote actuellement

Infos sur l’œuvre

Détails

Being Beauteous, cantate pour soprano colorature, harpe et quatre violoncelles

Kammermusik1958, pour ténor, guitare et orchestre à cordes

Anna Prohaska, soprano

Peter Gijsbertsen, ténor

Sophia Whitson, harpe

Jürgen Ruck, guitar

NDR Sinfonieorchester

Direction musicale

Peter Ruzicka

Enregistrement réalisé en janvier 2013 et mai 2015 au studio Rolf Liebermann, Hambourg

1 CD Wergo WER 7334 2 – 63’54

Nos derniers podcasts

Nos derniers swags

This be her Verse, par Golda Schultz et Jonathan Ware

La parole aux femmes
CDSWAG

Le Bourgeois Gentilhomme

Un gentilhomme en fête
CDSWAG

Debussy La Damoiselle élue

Lignes claires
CDSWAG

Les dernières interviews

Stanislas de Barbeyrac : « Il y aura peut-être un jour Tristan, si je suis sage »

Interview

Questionnaire de Proust – Sophie Koch : « Christian Thielemann compte beaucoup pour moi »

Interview

Sophie Koch : « Aborder Isolde, c’est être devant l’Everest »

Interview

Les derniers dossiers

Questionnaire de Proust

Dossier

Les grands entretiens de Charles Sigel

Dossier

Philippe Boesmans (1936 – 2022)

Dossier

Zapping

Vous pourriez être intéressé par :

Compositrices : une anthologie en 10 cd par le Palazzetto Bru Zane

Les connues, les moins connues, les inconnues…
Cyrille DUBOIS, Aude EXTRÉMO, Yann BEURON
CD

Mozart in Milan, Sacred music around the Exsultate, jubilate

L’ombre milanaise du Padre Martini
Maximiliano BAÑOS, Federico FIORIO, Raffaele GIORDANI
CD

Voyage intime

L’arbitraire de l’intime
David KADOUCH, Sandrine PIAU
CD

Strauss : Four last songs

Rachel Willis-Sørensen en quête de l’essentiel
Andris NELSONS, PILGRIM SEBASTIAN, Rachel WILLIS-SØRENSEN
CD