Rolando Villazón, chanteur. Rolando Villazón, metteur en scène. Rolando Villazón, écrivain, auteur d’un nouveau roman aux éditions Philippe Rey : Amadeus à bicyclette. Rolando Villazón ou son double littéraire : Vian Maurer, artiste lyrique contrarié par un père castrateur, contraint, à défaut, de jouer les figurants dans une production de Don Giovanni à Salzbourg, avant de retrouver son Mexique natal où l’attend une morne carrière dans de mornes bureaux. Un hasard fait de rencontres improbables en décidera autrement.
Vian, quel drôle de prénom ! Rolando Villazón – alias Vian – en explique la raison avec sa verve coutumière. Ce n’est pas la moindre des fantaisies d’un roman écrit à la première personne du singulier, que l’on lit sourire aux lèvres, où la réalité rejoint la fiction, où Anna Netrebko, Cecilia Bartoli, entre autres divas, traversent le destin du jeune héros, mi clown, mi idiot au sens dostoïevskien du terme, brimbalé dans un univers lyrique que Rolando Villazón sait mieux que nul autre raconter tant il en a fréquenté en vingt ans de carrière les moindres recoins.
Mozart abordé par le chanteur en 2010 (Don Ottavio sur proposition de Yannick Nézet-Seguin), devenu fil rouge de son parcours musical, Mozart dont il est depuis 2017 le directeur artistique de la semaine salzbourgeoise après en avoir été l’ambassadeur, Mozart donc, « cronope*, pataphysique, prestidigitateur, danseur, diable de lumières, ange d’ombres », domine le récit de sa figure tutélaire. Il en partage le titre avec la fameuse bicyclette, appelée elle aussi à jouer un rôle clé dans ce qui, s’apparente à un roman picaresque – genre littéraire racontant sur le mode autobiographique l’histoire de héros miséreux dont les aventures extravagantes sont prétextes à peinture de scènes quotidiennes et de personnages hauts en couleurs. Ici, Herr Wolfgang (un vagabond jardinier dont le prénom ne doit rien au hasard), Julia (en hommage à l’écrivain argentin Julio Cortázar), le libraire Perec (l’analogie avec l’auteur de La Disparition n’est pas purement fortuite), etc.
C’est ainsi que Rolando Villazón nous conduit à toute berzingue sur les deux-roues de son monde merveilleux, baroque, clownesque forcément, un rien fantastique pour ne pas dire fantasque mais finalement attachant à l’image d’un artiste décidément rattrapé par Mozart.
* D’après Julio Cortázar, les cronopes sont des créatures idéalistes, sensibles et naïves.