En juin dernier, Jonas Kaufmann donnait un récital d’airs de Puccini à la Scala : exercice bien périlleux que de se mesurer à l’un des publics les plus difficiles du monde. Loin de récolter des huées, le ténor a eu droit à quarante minutes d’ovation pour un événement qui a été relayé dans les journaux télévisés nationaux, c’est dire ! Une performance et surtout un moment d’exception qui fait cette année l’objet d’un film, qu’on pourra voir au cinéma dès le 8 mars. Là encore, voilà un pari risqué que de proposer en salles, non pas un film opéra ou un opéra filmé, mais un récital. Gageons que la notoriété de la star allemande saura faire se déplacer ses fans mais aussi attirer un autre public, ce dont on se réjouit, tant ce concert est exceptionnel et apte à conquérir le néophyte.
Le film commence par une interview où Jonas Kaufmann, parfaitement à l’aise en anglais, raconte son rapport à Puccini (son premier opéra était une Madama Butterfly découverte à l’âge de sept ans où il a cru à tout ce qu’il voyait, très frappé de voir la chanteuse revenir saluer alors qu’il la croyait morte…) et sait parfaitement introduire le récital qui va suivre, entre confession (toujours très mesurée, comme il sait si bien le faire), leçon de chant et initiation à la scène pour tous publics. Le récital à la Scala s’ouvre ensuite, avec un Preludio Sinfonico de jeunesse où se superpose la voix de Jonas Kaufmann qui nous raconte Puccini, sur fond d’images d’archives rares très plaisamment commentées. Le tout est didactique (on nous explique notamment que les airs de Puccini étaient volontairement courts, destinés à être enregistrés et écoutés sur le gramophone naissant mais très populaire) et on s’attend à voir un semi-documentaire où les arias succèderont aux intermèdes musicaux commentés. Pas du tout, car le reste du concert est donné sans plus d’ajouts. L’introduction a été utile : on entre de plain-pied dans le récital, où l’on découvre un chanteur au mieux de sa forme, physiquement très présent, ce que soulignent encore les gros plans de Brian Large, vieux routier des opéras filmés. Dès le premier air, un très court extrait de Le Villi, on sent le public scaligère conquis (nous aussi, d’ailleurs). On touche au sublime avec les pianissimi frémissants des doux baisers – « dolci baci, languide carezze » – de « E lucevan le stelle », pour approcher l’extase avec « Nessun dorma ! » où le ténor triomphe. Au cours de l’entretien, le beau Jonas expliquait en quoi cette soirée était mémorable pour lui ; on ne s’étonnera donc pas de le voir faire une petite entorse au répertoire puccinien avec un irrésistible « Non ti scordar di me » (ne m’oublie pas), puis de tomber le nœud papillon avant de bisser « Nessun dorma ! » où effectivement personne n’a envie de dormir. Il se trompe d’ailleurs allègrement dans le texte, ce qui achève de faire fondre le public (et nous avec).
Pour les impatients, un site internet permet de visionner la bande-annonce d’Une soirée avec Puccini et même d’acheter des places en prévente ! Ça, c’est de la communication…
Résultat du jeu-concours proposé à l’occasion de la sortie de ce film
Merci de votre participation. La bonne réponse était Nina Stemme. Les cinq gagnants sont :
- M. Saïd Bouguenna, 75019 Paris
- M. Christophe Garrec, 44150 Saint Herblon
- Mme Carole Guillemont, 34300 Cap d’Agde
- Mme Floriane Paupy, 35000 Rennes
- M. Jérome Waret, 92390 Villeneuve la Garenne
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