L’Orchestre du Capitole de Toulouse vient de marquer son entrée dans l’Année Saint-Saëns. Il a enregistré l’opéra comique inconnu de ce compositeur, la Princesse Jaune.
On doit à Saint-Saëns pas moins de treize opéras qui, en dehors de Samson et Dalila sont passés aux oubliettes : le Timbre d’argent, Etienne Marcel, Henry VIII, Proserpine, Ascanio, Phryné, Frédégonde, Hélène, l’Ancêtre, Déjanire, etc.
C’est dire s’il y a des fonds de bibliothèque à ratisser au cours de cette année !
Ces ouvrages sont-ils médiocres ? A en juger par le peu qu’on en connaît (un enregistrement d’Hélène, une résurrection récente d’Ascanio à l’Opéra de Genève) c’est loin d’être le cas !
Nous en avons eu confirmation en assistant à l’enregistrement de la Princesse jaune à la Halle aux Grains à Toulouse.
Cet opéra en un acte composé à l’âge de 37 ans raconte l’histoire d’un jeune homme qui projette sur son amoureuse les fantasmes exotiques que lui inspire le portrait d’une jeune japonaise. La partition possède les belles courbes de la musique de Saint-Saëns. Dans un langage fin XIXe, apparaissent des intervalles de gammes modales et des tintements de cymbalettes qui apportent un parfum d’exotisme.
Sous la direction de Leo Hussain, l’Orchestre du Capitole a mis au service de cette musique ses qualités de souplesse, de limpidité, de fluidité – qui font de cet orchestre l’une des meilleures phalanges symphoniques françaises.
Dans les séquences d’enregistrement auxquelles nous avons assisté, nous avons apprécié le ténor Mathias Vidal. Celui dont la carrière commencée modeste ne cesse de grandir s’impose ici par son timbre et son phrasé dans ce qu’on pourrait appeler le canto français. Quant à la soprano hollandaise Judith van Wanroij, elle nous a séduit par l’éclat de sa voix et l’engagement de son personnage
Ce disque (complété par les « Mélodies persanes ») fera avancer significativement la connaissance de Saint-Saëns. Il est dû à l’initiative du Palazzetto Bru Zane (centre de promotion de la musique romantique installé à Venise).
Et c’est ainsi que, désormais, on n’aura plus à rougir de ne pas connaître la Princesse jaune !