Prévu au programme de l’Opéra de Lyon du 22 au 27 avril 2012, Le Rossignol et autres fables de Stravinsky, après avoir donné lieu à une version de concert de la première partie lundi 23 et mardi 24, a dû être purement et simplement annulé en raison d’un mouvement de grève. Les techniciens dénoncent l’impossibilité de gérer, avec des moyens humains insuffisants, un surcroît de travail lié à une abondance de créations. Après le festival Puccini plus, la mise en scène de Parsifal, très complexe, avait déjà conduit à repousser la première de trois jours. L’Opéra de Lyon est-il victime de ses ambitions ? Les « plannings de travail parfois chargés et denses », selon les termes de son directeur, Serge Dorny, sont devenus une véritable « machine infernale », d’après le représentant de la CGT, pour les quelque 70 techniciens de l’Opéra – tous ces machinistes, électriciens, accessoiristes, costumières, habilleuses et autres personnels dont le travail collectif mené en coulisses et en amont des représentations assurent la magie et la perfection visuelles et scéniques. Le magnifique spectacle donné au Festival d’Aix-en-Provence en juillet 2010 (voir la critique de Christophe Rizoud) puis à l’Opéra de Lyon en octobre de la même année (voir la critique d’Élisabeth Bouillon) n’aura donc, hélas, pas pu être repris comme prévu, avec – c’était une véritable gageure qui nécessite précisément du temps et des moyens – sa fosse transformée en étendue d’eau sur laquelle évoluaient les barques portant les chanteurs et leurs marionnettes. Une déception qui nous rappelle que le miracle de l’opéra ne peut avoir lieu sans le travail minutieux et exigeant de nombreux corps de métiers. Là aussi, l’harmonie et le liant sont nécessaires : un accord a été trouvé vendredi avec le directeur général des services de la ville de Lyon, annonçant la création de deux postes supplémentaires et des délais de planification plus importants, notamment pour Carmen, programmée en juin. [FM]