Les forces de l’Opéra de Paris étaient réunies hier pour un concert unique à Paris. Au programme, la Symphonie en Ut de Bizet (exécution impeccable, sans aucune ivresse, mais pleine de vivacité) et Daphnis et Chloé couplé avec La Valse, d’une texture dense et de grande tenue. Le véritable événement fut cependant le monologue de la Comtesse confié à Anja Harteros. Altière dans sa robe de plissé vermillon sur soie rose, Harteros nous a simplement montré en un quart d’heure ce que chanter veut dire : une ligne de chant sans apprêt , portée haut, lumineuse, et cependant tenue ; cela avec un sens constant du mot, qui chez Strauss si souvent se dilue dans le flux vocal ; dans l’allure une modestie royale, un regard cherchant loin les images qui nourrissent le chant. L’orchestre de l’Opéra de Paris semble fondre en même temps qu’il accompagne ce quart d’heure suprême, et Philippe Jordan même se départit de certaines raideurs pour plonger dans ce scintillement hypnotique.
Georges Bizet : Symphonie en ut majeur ; Richard Strauss : Capriccio, scène finale ; Maurice Ravel : Daphnis et Chloé, suites n°1 & 2 avec Choeur ; La Valse – Anja Harteros, soprano – Philippe Jordan, direction musicale – Orchestre de l’Opéra national de Paris, Choeur de l’Opéra national de Paris – Paris, Opéra Bastille, lundi 16 juin