A y regarder de près, ce programme symphonique, entièrement en mode majeur, présenté ce dimanche 22 janvier Salle Pleyel, n’est pas dénué d’appétits lyriques. En entrée, la Symphonie n° 32 K318 de Mozart qui pourrait être une ouverture d’opéra* est suivie du jubilatoire Exsultate, Jubilate K165 — motet favori des interprètes de Pamina et de La Comtesse. En pièce de résistance : la Symphonie n°4 de Gustav Mahler. Ses trois premiers mouvements font défiler les « tubes » surexploités à toutes les sauces, mais leurs puissants effets dramatiques impressionnent immanquablement. Quant au sublime lied pour soprano, évocateur d’un paradis enchanté pour enfants, il réchauffe les cœurs afin que « Tout s’éveille à la joie ».
Sans partition, Yoel Levi, chef roumain à la gestuelle gracieuse et dansante, longtemps assistant de Lorin Maazel, dirige l’Orchestre National d’Île de France, créé en 1974 par Marcel Landowski. Une exécution enthousiaste bien rôdée à laquelle la soprano allemande, Christiane Oelze, prête son concours. Bien que l’on doive tendre l’oreille pour percevoir les notes les plus graves et que les plus aiguës soient quelque peu tirées, on apprécie l’engagement de l’interprète et le joli timbre de sa voix centrale. Si l’orchestre assure ici pleinement sa mission de pédagogie et de conquête de nouveaux publics sur le territoire francilien, ce joyeux climat musical masque une réalité morose. La récente décision de l’État de réduire considérablement sa subvention met l’existence de cette formation de 95 musiciens en danger. Le concert présenté devant un auditoire chaleureux dans une salle Pleyel quasi comble, a aussi pour but de solliciter des signatures pour appuyer une demande de moratoire. À l’entracte, sous une forme humoristique bon enfant, un appel est lancé. Il est également possible d’y participer via Internet. http://www.orchestre-ile.com/petition/. [BC]
* Selon le Dictionnaire Mozart si certains l’ont prétendue destinée à Zaïde, d’autres l’ont attribuée à un opéra bouffe de Francesco Bianchi, La Vilanella rapita. Robert Laffont, Collection Bouquins, 2005.