On a bien tort de ne pas lire le compte-rendu du Conseil des ministres ! Celui de mercredi dernier nous apprend qu’un décret modifie le statut de l’Opéra national de Paris qui datait de 1994. Toilettage cosmétique me direz-vous ? Nullement, il s’agit d’une transformation de fond de la gouvernance de notre vaisseau amiral de l’art lyrique et de la danse.
On assiste à un élargissement des compétences du conseil d’administration et à un renforcement de la tutelle de l’Etat. Un contrat pluriannuel conclu entre l’établissement et l’Etat fixera les orientations y compris en matière de programmation artistique, culturelle et éducative ! Ce contrat fixera des objectifs de performance et les habitués des finances publiques savent bien que les injonctions à la performance sont le voile pudique dont on couvre la diminution des subventions. Quant au conseil d’administration, il se prononcera dorénavant sur les orientations stratégiques de la direction et statuera sur le contrat pluriannuel passé avec l’Etat.
Est-ce pour rendre la pilule moins amère que le titre de directeur est transformé en « directeur général » ? Sans doute, mais cela ne changera rien aux changements annoncés. Stéphane Lissner aura au moins la satisfaction de voir le nouveau décret ramener à 18 mois le mandat du directeur délégué. C’est en effet la disposition qui permettait au directeur nommé de regarder par dessus l’épaule de son prédécesseur encore en fonction pendant 3 ans. L’expérience nous montre que cette longue période triennale de copilotage était souvent un calvaire pour le partant et se terminait parfois avec quasiment du sang sur les murs. La réduire au minimum est donc œuvre de salubrité publique. Personne ne s’en plaindra…