Kirill Serebrennikov, metteur en scène et cinéaste russe qui a souvent eu maille à partir avec la censure de son pays, s’apprête à réaliser un film relatant la vie de Tchaïkovski, mais l’Etat vient de lui accorder une subvention si modique qu’il a préféré la refuser. Pourtant, Serebrennikov avait fait un effort pour plaire au régime. La dernière mouture du scénario, écrit par Yuri Arabov, connu pour sa collaboration avec le réalisateur Alexandre Sokourov, suivait la nouvelle version officielle : plus que le choléra, ce serait les méchantes rumeurs sur sa sexualité prétendue déviante qui auraient tué Piotr Ilyitch. En effet, un film qui dépeindrait un Tchaïkovki gay tomberait sous le coup des lois contre la « propagande homosexuelle ». Le scénariste avait même veillé à affirmer que rien ne nous permet de savoir quelle était l’orientation sexuelle du compositeur ; il n’existe à ce sujet que des rumeurs auxquelles seuls les philistins ajoutent foi, et « ce que croient les philistins ne doit pas être montré dans les films ». Faute d’argent russe suffisant pour le tournage, Serebrennikov ira en chercher à l’étranger, et il n’est pas interdit de penser que son scénario pourrait alors ne plus avoir l’heur de plaire à Vladimir Poutine. Tchaïkovski devrait sortir en 2015, pour le 175e anniversaire du compositeur.