L’Opéra de Strasbourg est à bout de souffle, le bâtiment qui attend depuis 30 ans d’être remis aux normes mais aussi l’institution dont l’actuelle municipalité EELV veut réduire le budget de 200.000€. Dans Le Figaro, édition de ce jour, son directeur, Alain Perroux, tire la sonnette d’alarme : « Le bâtiment date du XIXe siècle, et la dernière rénovation scénique date des Allemands en 1943 ». Résultat : des conditions de représentation incompatibles avec les normes de sécurité et les contraintes d’exploitation actuelles, sans parler de la vétusté de l’outil scénique, difficilement conciliable avec les mises en scènes contemporaines et les coproductions.
D’après Alain Perroux, 200 à 300 millions d’euros de travaux et une fermeture d’au moins trois ans seraient nécessaires pour retrouver des conditions de travail correctes. Oui mais voilà, une telle entreprise ne semble pas s’inscrire dans la stratégie culturelle de la Mairie, accusée par l’opposition municipale de mener une « politique anti-élite » et de vouloir « mettre fin à la culture bourgeoise à Strasbourg ».
« J’annoncerai quelque chose dans les prochains mois » promet au Figaro Jeanne Barseghian, la maire, sans donner plus de précisions. Cette affaire s’inscrit dans une polémique plus globale autour d’une volonté de « décroissance culturelle » motivée par l’état préoccupant des finances, comme en témoigne la décision récente de fermer les musées deux jours par semaine. « Ce qui est en jeu, c’est un déclassement de la ville » s’inquiète Catherine Trautmann dans une lettre ouverte à la Maire, dont elle était pourtant un soutien.
Addendum : A la suite de la publication de cette information, nous avons reçu un message d’Alain Perroux que nous reproduisons intégralement ci-dessous :
Les problèmes posés par la vétusté du théâtre de la place Broglie à Strasbourg, siège de l’Opéra national du Rhin, sont anciens et connus du public local comme des élus. Et l’on doit dire en toute honnêteté que la maire actuelle de Strasbourg, Mme Jeanne Barseghian, s’est emparé du sujet dès son élection et qu’elle semble déterminée à agir. Ce n’est d’ailleurs pas moi mais la Mission d’information et d’évaluation instaurée par la maire en 2021 (et composée d’élus de tous les partis représentés au conseil municipal) qui a posé le diagnostic, exploré les différents scénarios de travaux, leur durée et leurs coûts – lesquels pourraient s’élever jusqu’à 400 millions d’euros selon le scénario retenu.
En ce qui concerne la baisse de subvention de l’année 2023, elle nous a effectivement été annoncée il y a quelques mois, mais son montant est encore en discussion. Il a été question d’une somme comprise entre 1,5% et 2,5% de la subvention de la ville de Strasbourg, somme qui se situerait donc nettement en-dessous des 200’000 € annoncés par le Figaro. C’est peut-être un détail pour vous, mais pour notre maison cela veut dire beaucoup.
Bien cordialement,
Alain Perroux