Novembre incite à ne pas mettre le nez dehors, à combattre le gris du ciel et les jours qui raccourcissent à grands coups de musique, dans le confort de son salon, au coin du feu si l’on a une cheminée. Pour accompagner cet état d’hibernation, somme toute pas si désagréable, les récentes rééditions Sony Classical s’imposent. Ainsi Rigoletto dirigé « avec entrain » par Renato Cellini en 1950, qui fut la première intégrale d’opéra de RCA Victor. Cette version figure encore parmi les grandes, ne serait-ce que par la présence « étonnamment inquiétante, menaçante même » de Leonard Warren dans le rôle-titre (à lire « Des bossus Warren est le boss » par Sylvain Fort).
Dans la même collection, ne pas faire l’impasse, si l’on est un tant soit peu straussien, sur le « sulfureux » Rosenkavalier enregistré par Léonard Bernstein à Vienne en 1971. Il s’agit d’une des directions « les plus personnelles et passionnantes de la discographie » relevée qui plus est par « quelques incarnations majeures ». (à lire « Des pataugas chez Marie-Thérèse » par Julien Marion)
Autre réédition incontournable à l’heure où, sous l’impulsion d’Olivier Lexa, l’on redécouvre Cavalli, la gravure « pionnière » de Giasone. Dès 1988, date de l’enregistrement, René Jacobs développait « une compréhension très intime du théâtre vénitien » et plus particulièrement de cet opéra composé en 1649 à la « dynamique sophistiquée » et aux « équilibres, plus subtils qu’il n’y paraît de prime abord, entre bouffe et tragique ». (à lire « Retour, à prix doux, d’un best-seller vénitien » par Bernard Schreuders).
Dans le même rayon baroque, les amateurs de raretés se précipiteront sur La concordia de’ pianeti, l’un des 89 opéras d’Antonio Caldara, que vient de tirer de l’oubli Andrea Marcon. A leurs risques et périls car desservie par un livret « dont le but est d’affirmer que l’impératrice d’Autriche Elisabeth mérite sa place sur l’Olympe », l’œuvre consiste en une succession laborieuse d’arias que « Caldara n’a pas pu rendre palpitante » (à lire « Lazare, recouche-toi » par Laurent Bury).
Cette courte sélection ne saurait omettre le répertoire de la mélodie, adapté mieux qu’un autre à l’intimité crépitante du feu de bois. Les versions de la Belle Magelone de Brahms ne courant pas les rues, on espérait beaucoup du disque réunissant Christopher Maltman et Graham Johnson. Malheureusement, « chaque épisode chevaleresque » du cycle « sent l’effort » et seules « les pages davantage rêveuses permettent au baryton de retrouver pour un temps le charme qu’on lui connaît ». A la « raideur » du chant s’oppose la « souplesse » du piano, donnant presqu’à penser que « les deux artistes œuvrent sur deux plans différents ». Bref, « une rencontre manquée » qui ne saurait gâcher un week-end que nous vous souhaitons excellent (à lire « La triste Magelone » par Hélène Mante).