L’opéra de Zürich reprenait pour la seconde fois samedi 13 février la production de Der fliegende Holländer de Richard Wagner dans la mise en scène de Andreas Homoki, actuel directeur de l’institution. Trois ans après sa première présentation en décembre 2012, ce spectacle n’a rien perdu de sa force. Homoki place l’intrigue « à quai », dans les bureaux de l’armateur Daland. Senta cherche à s’extraire de la matérialité du monde de son père en promettant fidélité au Hollandais. Lorsque son amoureux Erik lui rappelle qu’elle lui avait à lui aussi juré cette même fidélité, cette insupportable confrontation avec la réalité l’amène à se suicider d’un coup de fusil. Cette vision sans rédemption de l’action s’insère dans les décors imposants et très bien utilisés de Wolfgang Gussmann et bénéficie d’une direction d’acteurs d’un bout à l’autre remarquable.
Cette reprise profite aussi d’une distribution largement renouvelée: L’Américaine Meagan Miller y fait ses débuts dans le rôle de Senta auquel elle donne à la fois force et fragilité. Sa voix se révèle capable de belles nuances, même si une certaine palette de couleurs lui fait encore défaut, aspect qui ne manquera certainement pas de s’améliorer. Cette palette de couleurs est précisément ce qui fait la grandeur de Michael Volle. Le baryton incarne un Hollandais tout simplement magistral et parvient à nous montrer toutes les facettes et la complexité de cet être déchiré. Le reste de la distribution s’avère à la hauteur des rôles principaux (Christof Fischesser en Daland, Marco Jentzsch en Erik, Judit Kutasi en Mary et Airam Hernandez en Steuermann) et les chœurs sont impeccables, comme de coutume à l’Opéra de Zürich. Au pupitre, Axel Kober démarre par une ouverture un peu bousculée avant de trouver rapidement la juste pulsation qui lui permet de maintenir la tension pendant les deux heures et 20 minutes d’un spectacle sans entracte. Prochaines représentations les 20, 25 et 28 février.