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Sorti sur les écrans en juin 1955, Futures Vedettes est un film de Marc Allégret qui suit le parcours de quelques élèves du conservatoire de Vienne, d’après le roman de Vicky Baum Eingang zur Bühne. Jean Marais y tient le rôle d’Eric Walter, ténor wagnérien et professeur de chant ; on le voit notamment montrer l’exemple, dans un très mauvais playback, à un baryton assez peu doué qui brame le prologue de Paillasse. Alors que toutes ses élèves le regardent avec des yeux enamourés, Brigitte Bardot est la plus douée, et elle travaille notamment le « Non mi dir » de Donna Anna, en version française bien sûr. Tandis que Jacques Jansen (orthographié Jeansen au générique) prête sa voix à tous les personnages masculins, la voix chantée de Bardot était Annik Simon, soprano français qui fit l’essentiel de sa carrière en Allemagne et qu’on peut entendre en Yniold aux côtés de Camille Maurane et Janine Micheau dans Pelléas et Mélisande. Dans ses mémoires, Brigitte Bardot revient sur cette expérience : « J’avais le rôle d’une future cantatrice. J’ai fait de la danse pendant très longtemps, j’ai un peu appris la comédie, mais alors le chant, c’était zéro pour moi, surtout les roucoulades des sopranos. Il a fallu que j’apprenne à mettre la bouche en chemin d’œuf, à respirer et à prendre des airs de prima donna. Je chantais sur un playback les airs célèbres de la Tosca et de Madame Butterfly… Une fois de plus, j’étais grotesque ! ». Tant de lucidité honore BB, qui devrait pourtant réviser ses classiques : elle ne chante pas une seule note de Puccini dans ce film, mais la Desdémone de Verdi, et même la mort d’Isolde… [Laurent Bury]