Succès triomphal pour la première de Tristan und Isolde à Munich ce 29 juin. Pouvait-il en être autrement pour un spectacle conjugant deux prises de rôles (dont celle de Jonas Kaufmann attendue depuis des années), les adieux de Kirill Petrenko (qui se consacrera désormais à la Philharmonie de Berlin), et sur le sort duquel la pandémie aura pésé jusqu’au dernier moment ? Les premières impressions s’accordent sur une réussite musicale, et saluent en particulier la direction fébrile et amoureuse du chef russo-autrichien. Anja Harteros, la plus latine des chanteuses allemandes, recueille également tous les suffrages, en particulier pour la sensualité de sa voix. Jonas Kaufmann fait à nouveau sien ce rôle terriblement lourd, grâce à son intelligence musicale. On peut toutefois lire qu’il s’économise un peu aux deux premiers actes (c’est d’ailleurs assez courant) pour faire fondre la salle au dernier (ça l’est moins) : les soirées suivantes le verront vraisemblablement plus libéré et plus à même de gérer la représentation dans son ensemble. Wolfgang Koch (Kurwenal) et surtout Okka von der Damerau (Brangäne) sont particulièrement saluées. Krzysztof Warlikowski a souhaité explorer le chemin vers la mort plutôt que la passion amoureuse (pour le duo d’amour du second acte, les deux amants sont assis dans des fauteuils distants de plusieurs mètres). Son travail ne semble pas avoir été apprécié par une partie du public (mais on sait le peu d’importance à attacher aux huées rituelles aux saluts), ni dans les premières critiques publiées, qui déplorent des chanteurs souvent laissés à l’abandon alors que la direction d’acteur du metteur en scène polonais est habituellement saluée. Compte-rendu à suivre après la représentation du 13 juillet.