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Fans de Philippe Boesmans, vous avez jusqu’au 19 octobre pour aller applaudir dire à l’Odéon la pièce de Joël Pommerat, Au monde (2004), dont le compositeur belge a tiré son prochain opéra, qui sera créé à La Monnaie en mars-avril 2014. Ce n’est pas la première fois que le dramaturge français inspire une œuvre lyrique, puisqu’en 2011 le festival d’Aix-en-Provence avait donné en création mondiale l’opéra d’Oscar Bianchi Thanks to My Eyes, d’après la pièce Grâce à mes yeux, spectacle ensuite repris à Strasbourg et à Gennevilliers. Dans Au monde, on retrouve un certain nombre d’éléments propre à l’univers de Pommerat : toujours cette symbolique de la vue et de la cécité qui rappelle curieusement Pelléas et Mélisande, un milieu familial un peu bancal, sorte de royaume d’Allemonde dirigé par un vieillard qui attend le retour d’un de ses deux fils, et dont les trois filles sont les trois princesses. Avec ces trois sœurs déchirées entre des rêves impossibles et un avenir forcément perdu d’avance, et confrontées à une intruse installée dans la maison, Tchékhov répond à Maeterlinck. Tout en adaptant le texte d’un auteur vivant, contrairement à ses habitues (après Shakespeare, Schnitzler, Strindberg ou Gombrowicz), Philippe Boesmans chercherait-il à rivaliser avec ses collègues passés et présents, Debussy pour Pelléas et Peter Eötvös pour Trois Sœurs ? Réponse au printemps prochain à Bruxelles. [Laurent Bury]
Au monde, Théâtre de l’Odéon, jusqu’au 19 octobre. Renseignements sur le site de l’Odéon