Si la poésie de Paul Celan est obscure, à rebours d’un lyrisme du beau chant qu’elle combat, elle n’est pas pour autant exempte de musicalité et fonde une forme de lyrisme nouvelle dans laquelle se sont reconnus nombre de compositeurs contemporains. C’est peut-être en effet dans les interstices de silence, écho et réfutation des désastres de la Deuxième guerre mondiale, que la musique trouve à s’exprimer, à se déchiffrer. Sous la direction d’Antoine Bonnet et Frédéric Marteau, un important travail universitaire sur la question des rapports entre la poésie de Paul Celan et la musique a fait l’objet cette année d’une parution aux éditions Hermann, intitulée Paul Celan, la poésie, la musique. Avec une clé changeante. Il s’agit là d’un ouvrage érudit, pour connaisseurs indéniablement, et qui offre de résoudre un paradoxe : mettre en musique une poésie du silence.
A. Bonnet, F. Marteau (dir.), Paul Celan, la poésie, la musique. Avec une clé changeante., Paris, Hermann Éditeurs, 2015. 592 pages, 54 euros.