Faire un saut à Milan ? Il reste quatre représentations* à la Scala de I Capuletti et Montecchi, de Bellini, où Lisette Oropesa et Marianne Crebassa font des merveilles en Giulietta et Romeo, et leur rencontre restera gravée dans la mémoire. Leurs duos atteignent des sommets de belcanto expressif, notamment une grande scène de la fin du premier acte d’anthologie.
Deux voix idéalement assemblées, la sincérité de leur jeu, et surtout cette manière de faire advenir l’émotion de la ligne musicale, de la maîtrise des vocalises, des couleurs de l’harmonie. Tout cela servi par les longues arabesques d’Oropesa, les suggestions mélancoliques de sa voix, ses roucoulements, sa ligne musicale, ses notes hautes aériennes, et par le lyrisme d’une Crebassa bouleversante, la chaleur de son timbre profond et sa parfaite crédibilité en jeune homme fougueux (on peut penser qu’à l’instar de Joyce DiDonato elle va faire de ce rôle un de ses chevaux de bataille), leur deux virtuosités mises au service du romantisme bellinien, la direction nerveuse, colorée et attentive de Speranza Scapucci, qui respire à l’unisson, un Tebaldo sans reproche (le ténor Jinxu Xiahou), un Lorenzo touchant (le vétéran Michele Pertusi, très fêté par le public), tout participe au plaisir.
La mise en scène d’Adrian Noble a l’élégance de s’effacer pour laisser se déployer les volutes du duo. Si les scènes de foule sont un peu maladroites, de belles toiles peintes ajoutent leur mélancolie et leur poésie aux derniers tableaux. A ne pas manquer, si on en a la possibilité.
* 21, 23 et 30 janvier, 2 février
© Scala di Milano. Ph. Brescia et Amisano