Soixante-quinze ans après sa création à Francfort en pleine Allemagne nazie, la roue de la fortune des Carmina Burana de Carl Orff continue de tourner, et le chœur « O Fortuna », premier et dernier mouvement de l’œuvre, tente de redevenir une fois de plus le tube de l’été. Mais l’a-t-on trop entendu, générique d’émissions de radio et de télévision, et musique de films publicitaires ? Toujours est-il que si l’œuvre semble toujours plaire au grand public, elle paraît malgré tout bien creuse aujourd’hui. L’exécution qu’en a donné Gustave Kuhn le 13 juillet dernier au Tiroler Festpiele Erl (Autriche) était pourtant particulièrement brillante, avec plus de 200 exécutants (Orchester der Tiroler Festpiele Erl, Wiltener Sängerknaben, Chorakademie der Tiroler Festpiele Erl et Capela Minsk). Bernd Valentin (baryton au démarrage un peu laborieux) et Markus Herzog (ténor) ont laissé la vedette à la jeune et belle soprano turque Çiǧdem Soyarslan qui abandonnait pour une fois ses rôles mozartiens et verdiens de prédilection. Quoi de neuf sinon à Erl ? Les placides vaches autrichiennes lèvent à peine leur mufle pour mesurer les progrès de la construction de la nouvelle salle qui doit compléter l’ancien Passionsspielhaus et surtout permettre de jouer quand ce dernier est occupé par les représentations de La Passion (400e anniversaire en 2013). L’inauguration du Festspielhaus Erl à l’architecture audacieuse, avec un véritable plateau de théâtre des plus modernes, est prévue pour le nouveau Festival d’hiver (Tiroler Festpiele Erl Winter, 26 décembre 2012-6 janvier 2013), avec notamment Le Nozze di Figaro et Nabucco, mais aussi le retour de la fanfare Franui, un étonnant groupe de musiciens bien dans la tradition de Gerard Hoffnung, qui devient un habitué des lieux. Plus d’information. [JMH]