Notre playlist « Best of » de 2022

D’abord, pardon : « playlist » et « best of » ça fait beaucoup de mots anglais en une seule phrase. Nonobstant, la rédaction de Forumopera s’est réunie pour concocter sur Qobuz une liste de lecture de plus de trois heures de musique, reprenant certains de nos très nombreux coups de cœur. On y trouve notamment la basse Gunther Groissböck et son disque « Nicht wiedersehen! » dont on retiendra les harmonies parfaites entre texte et interprétation d’une part, voix et piano d’autre part. On pensait tout savoir sur les opéras de Mozart ? Depuis Rouen, Ben Glassberg nous livre une Clémence de Titus vibrante, tendue et acérée. Une superbe version qui donne à entendre tout le potentiel théâtral d’une œuvre encore trop sous-estimée. Coup de cœur stratosphérique pour Bijoux volés : le charme de cette musique et celui des interprètes, Jodie Devos s’y montrant (comme dans tous les autres extraits choisis pour ce disque) merveilleuse ! Hommage au baryton Samuel Hasselhorn dont on retient « Des Fischers Liebesglück » (tiré du récital Glaube, Hoffnung, Liebe), un des lieder les plus esseulés de Schubert chanté ici avec une gravité contemplative bouleversante. Mention pour la version du Chant de la Terre par Maxime Pascal et les forces du Balcon, car même si vous ne consommez votre Mahler que dans les versions les plus opulentes, Stéphane Degout vous bouleversera avec cette approche chambriste signée Schoenberg. N’oublions pas Marina Viotti qui a signé avec Christophe Rousset un album passionnant et somptueux dédié à Pauline Viardot, nous en avons retenu un air extrait des Capuletti, ni Sonya Yoncheva dont le disque Rebirth est l’un des plus étonnants de l’année. L’album A Room of mirrors de Zachary Wilder et d’Emiliano Gonzalez Toro nous a aussi bouleversé, gorgé d’émotions et d’une enivrante sensualité, il ne réussit pas seulement un précieux alliage de timbres: il révèle également la complicité de deux musiciens parmi les plus doués de la scène baroque actuelle. Égérie de la rédaction, Marina Rebeka fait une apparition dans une plage planante extrait de son « Credo ». L’hommage rendu par Aleksandra Kurzak à Arvo Pärt – avec Roberto Alagna et Andreas Scholl – compte aussi parmi les albums à découvrir. Autre phénomène : après des débuts français fracassants à Bordeaux puis à Favart, Pene Pati a eu la chance de pouvoir enregistrer un récital éblouissant où se mêlent grands classiques et raretés du répertoire. La grande scène d’Arnold au dernier acte de Guillaume Tell est ici chantée avec une aisance exceptionnelle, dans un français quasiment parfait, avec un style qui évoque Nicolaï Gedda et un timbre proche de celui de Pavarotti. Et que serait une playlist de l’année sans Jakub Józef Orliński ? Écoutons La Fileuse, dont le rythme entraînant du rouet (Michał Biel, piano) et la voix sensuelle du contre-ténor donnent vie à cette métaphore du fil de soie que l’on tisse et qui rompt, belle image d’une année qui s’achève et d’une autre qui commence. Enfin, Ludovic Tézier – au sommet de son art – dans des extraits de ses deux albums parus chez Sony.

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