S’il ne s’agit pas à proprement parler d’art lyrique, le monde de la musique pleure au lendemain de Noël plusieurs de ses enfants. La journée du 25 décembre, symbole d’amour, de paix et de joie pour tous les chrétiens – mais pas seulement –, a été endeuillée par deux tristes nouvelles.
Soixante-quatre membres de l’Ensemble Alexandrov ont péri dans le crash d’un avion militaire qui les transportait en Syrie pour célébrer le nouvel an avec les troupes russes déployées dans le pays. Cet ensemble, fondé en 1928, est une des formations qui peut se prévaloir du label « Chœurs de l’Armée Rouge ». L’eau a coulé sous les ponts de la Volga depuis que Staline demanda en 1942 à leur fondateur, le général Alexandre Vassilievitch Alexandrov (1883-1946), de composer l’hymne national, aujourd’hui encore en vigueur après avoir été remplacé de 1990 à 2000 par la Chanson patriotique de Mikhaïl Glinka. Le chœur avait réussi à survivre à la dislocation de l’empire soviétique, en 1991, en multipliant les tournées et en participant à des projets pop, l’album Rouge, de Jean-Jacques Goldman en 1993 par exemple. Son répertoire, éclectique, puise à l’occasion dans le vaste vivier de l’opéra russe mais aussi français. Comment faire l’impasse, lorsque l’on est une centaine de rudes gaillards à la voix de stentor, sur « Gloire immortelle de nos aïeux », le chœur des soldats dans Faust de Gounod.
Autre genre, autre style, autre pays mais même tristesse : leader charismatique et peroxydé du boys band britannique Wham! avant d’entreprendre au tournant des années 1990 une carrière solo, Georges Michael est décédé également en ce jour de Noël 2016 à l’âge de 53 ans. D’autres mieux que nous sauront raconter l’histoire et vanter les mérites de celui qui – ironie du sort – comptait parmi ses tubes une chanson intitulée « Last Christmas ». Dans la mémoire des amateurs d’opéra, il reste le premier artiste pop à avoir chanté sur la scène du Palais Garnier en 2012, lors d’un concert au profit du Sidaction.