Suite à la parution de notre brève d’hier sur l’exploitation prétendue de quelques vers de Thérèse Maquet par Jules Massenet, le chef d’orchestre Frédéric Chaslin nous fait parvenir ce message que nous publions dans son intégralité au titre de l’intérêt des débats (et de la grande validité du propos) :
Il ne faut rien exagérer même si l’époque est au « bashing » intégral : ténors, chefs d’orchestre et maintenant les génies du passé… Mme Maquet a toujours refusé la gloire et la reconnaissance mais surtout, ces vers sont tirés d’un cycle de quatre mélodies de Massenet sur la partition duquel son nom est bien indiqué. Alors évidemment il aurait pu y avoir un petit astérisque en bas de l’air « paroles de T. Maquet ». Mais replaçons nous à l’époque, tout d’abord T. Maquet ne cherchait pas à être reconnue ni connue. Il est fort probable que Massenet lui ait demandé son autorisation orale et qu’elle l’ait donnée, assortie de la condition de n’être pas mentionnée (elle meurt en 1891, Werther est composé entre 85 et 87, elle aura donc eu connaissance de la partition et largement le temps de tirer les oreilles à son maître… ). Vu le caractère trempé de la dame – qui refuse à Sully Prudhomme ce qu’il lui demande : se consacrer totalement à la poesie – elle n’aurait pas manqué de se plaindre à Massenet. Ce qui me choque le plus dans cet article c’est la conclusion : « Massenet chantre des femmes? Pas si sûr ». Mais quelle confusion ! Oui Massenet a chanté les femmes ! Quid de Thais, de Charlotte, de Manon ? Pas sûr, en tout cas, que notre époque mérite l’art dont elle a hérité. Ce n’est pas de Camille Claudel qu’on parle ici, c’est de quelqu’un qui a écrit les paroles de quatre mélodies avec un compositeur qui l’a reconnue, et qui a jugé bon de reprendre les paroles d’un poème dans son opera. Quel sacrilège ! Eh bien non, on ne le traînerait pas devant les tribunaux car l’affaire est entendue…