On avait découvert la Canadienne Marie Saadi (ex. Miss-Caribou) dans la même troupe (Operacademy) mêlant amateurs et professionnels. Elle interprétait Boulotte, la femme du Barbe-Bleue d’Offenbach (voir compte rendu). Le rôle lui allait déjà si bien qu’elle ne nous en voudra pas de dire que celui de La « Grosse » Duchesse de Gerolstein lui va également plus qu’à ravir. Son tempérament jovial, son humour et sa présence en scène, la puissance et l’égalité de sa voix dans tous les registres en font une titulaire idéale pour ce rôle difficile. Son entrée en aviatrice, affublée d’une immense perruque rose et suivie comme Catherine de Médicis d’un escadron volant, est un grand moment de théâtre. D’autant que son respect de la partition et sa musicalité forcent l’admiration. Elle a la chance d’avoir à ses côtés un Fritz tout aussi exceptionnel en la personne de Matthieu Justine : voix, physique, prestance, prononciation parfaite, on peut lui promettre une belle carrière. Une agréable représentation où une tradition parfois quand même un peu pesante est rehaussée par des moments plus déjantés, mais où chacun visiblement s’amuse à nous amuser, y compris Bertrand Renard (le prince Paul – il faut dire que la Gazette de Hollande, tout près de l’Élysée, fait rire pour des raisons quelque peu différentes…) et Arielle Prat (Charlotte) suivis de toute une troupe épatante et un orchestre de grande qualité fort bien dirigé par Romain Dumas. Ajoutons que l’affiche du spectacle est l’une des plus originales et amusantes de la saison. [Jean-Marcel Humbert]
Jacques Offenbach, La Grande Duchesse de Gerolstein. Operacademy. Paris, Espace Pierre Cardin, 16-25 mai 2014.