Le concert des révélations classiques de l’ADAMI porte bien son nom. Ce jeudi 9 janvier au Théâtre des Bouffes-du-Nord, on a découvert une jeune chanteuse française qui avait jusqu’alors échappé à notre vigilance. En quelques numéros – et pas des moindres –, Marie-Laure Garnier a imposé une voix qui, par les temps qui courent, n’est plus si fréquente : un soprano lyrique, ample, nourri, égal, au volume suffisant et à l’aigu assuré. La densité de la matière n’entrave pas la clarté de la diction. Ainsi, l’air de Chimène dans Le Cid de Massenet, « Pleurez, mes yeux » est-il resté toujours intelligible. De même, la richesse de l’étoffe ne nuit pas à la subtilité du phrasé. « Mi chiamano Mimi », extrait de La Bohème a exposé un chant qui ne sacrifie pas l’expression à la beauté du son. Fiordiligi confirme cette bonne impression, même si Mozart ainsi interprété va à contre-courant de la frugalité qui prévaut aujourd’hui.
En Dorabella, Héloïse Mas lui donne la réplique d’un timbre prenant. La personnalité de cette jeune mezzo-soprano trouve, d’un point de vue strictement vocal, davantage à démontrer en Carmen qu’en Angelina de La Cenerentola.
Trop galantes, les révélations masculines s’effacent derrière les féminines, qu’il s’agisse de Jean-Gabriel Saint-Martin abordant peut-être trop tôt des rôles de l’envergure d’Hamlet ou de Florian Cafiero, ténor prometteur, enraidi par l’émotion et lui aussi sans doute encore jeune pour se frotter à des airs comme celui de Polyeucte, « Source délicieuse ».