La nouvelle production de Manon à l’Opéra Bastille a dû faire le gros dos sous la volée de bois vert qu’elle a reçue d’une critique unanime, mais le secours in extremis d’un «preux Chevalier Des Grieux» capable d’emballer en même temps Manon et le public lui aura permis de finir nonobstant en beauté.
Si la sensualité et la tendresse manquaient cruellement durant les représentations précédentes, le chant lumineux du ténor français, Jean-François Borras, auquel répondait la fraîcheur de celui de Marianne Fiset, les faisaient naître tout naturellement. Quand sa voix, dotée d’un fort joli timbre, aura atteint sa plénitude, la soprano québécoise pourrait (après un léger travail de diction et un brin de rouerie en plus) devenir une Manon presque idéale. Pour l’heure, constatons que l’interprétation authentique des deux jeunes chanteurs nous a permis de faire fi du «concept» de cette mise en scène, d’oublier les coupures effrontées, de pardonner le peu de délicatesse de la direction d’orchestre, pour goûter, en dépit de toutes les incongruités, le charme intemporel, riant et grave du chef-d’œuvre de Massenet. [BC]
Dernière représentation avec la même distribution ce lundi 13 février à 19h30.