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Devenu le phare incontesté de la vie musicale belliloise, après avoir essuyé bien des coups de vent, frôlé le naufrage et le sabordage, le Festival lyrique-en-mer a terminé en beauté sa 16e saison. Précédant la dernière du Barbier de Séville le 16 août (voir recension), une ultime exécution du Messie de Haendel a eu lieu le 14 août dans la ravissante église de Locmaria pleine à craquer. Tout comme les quatre précédentes (selon les témoignages), elle a soulevé l’enthousiasme d’un public attentif et fervent. Sous la conduite débordante d’énergie de Michael Bawtree, les interprètes ont servi de leur mieux cette œuvre à la fois méditative et visionnaire qui, selon ce qu’écrit Philip Walsh dans le programme, « produit des moments de grande beauté et de divinité qui la rendent impérissable ». Instrumentistes de l’orchestre de Lyrique-en mer, tous très inspirés, quatre solistes anglophones à la diction irréprochable : Thomas Glenn, ténor héroïque ; Tyler Simpson baryton-basse bien chantante ; Jazmin Black Grollemund, jeune soprano sculpturale et prometteuse ; Karin Mushegain, mezzo expressive et engagée. Et surtout, aujourd’hui propulsé à son meilleur niveau grâce au suivi préliminaire de Philip Walsh, renforcé cette année par le minutieux travail de préparation de Thierry Félix, chef de chant (en quelque sorte tombé du ciel, voir brève), le chœur du Festival a chanté d’une seule voix ses sublimes interventions solidement articulées entre elles et les parties de voix seules. Particulièrement enchanteurs : « Behold the lamb of God » au début de la deuxième partie et le radieux « Hallelujah » qui la termine. Quant au « Worthy is the Lamb that was slain », précédant un « Amen » ferme et définitif, il souffrait la comparaison avec les meilleurs enregistrements. Après le concert, afin de se dire un chaleureux au revoir, l’équipe artistique et les bénévoles du festival ont partagé avec les membres du Conseil d’administration et son président un généreux buffet.
Le lendemain 15 août en fin d’après-midi, une nouvelle initiative musicale, sponsorisée par plusieurs commerçants de l’île, a eu lieu avant le feu d’artifice tiré à partir de la Citadelle, offert par la municipalité de Palais. Un récital gratuit réunissant trois premiers rôles de la saison : Audrey Babcock (Carmen), Thomas Glenn (Almaviva) et Jonathan Beyer (Figaro), accompagnés par Rose Armbrust-Griffin, alto et Philip Walsh piano, a été donné dans la salle Arletty. Au programme, des œuvres de Brahms, Bellini, Strauss, Debussy et Sibelius, ainsi que des pièces de Frank Bridge, Bruce Rockwell et Stefano Donaudy. À cette occasion, Lyrique-en-mer a remis à « La puce à l’oreille », école de musique qui compte sept professeurs pour quatre-vingt élèves, un chèque de 350 €, ce qui représentait un euro par billet sur la recette de la dernière Carmen avec la participation des enfants de Belle-Île. Succès au box-office, reconnaissance grandissante des professionnels, équipage actuel plus soudé que jamais, population locale partie prenante d’une manifestation dont les retombées économiques sont indéniables, l’aventure semble devoir continuer sous de meilleurs auspices. Il ne reste plus qu’à attendre la programmation 2014. [Brigitte Cormier]