A deux heures en train de Paris, l’Opéra des Flandres, Opera Vlaanderen en langue originale, poursuit dans l’esprit l’œuvre de celui qui contribua à sa fondation : Gerard Mortier. Dans ce petit bout de Belgique en effet, l’art lyrique se veut actuel, voire avant-gardiste, et engagé. C’est pourquoi la plupart des productions présentées à Anvers et/ou Gand provoquent parfois, bousculent souvent, interrogent toujours. Pour preuve, Le Château de Barbe-Bleue, l’opéra de Béla Bartók, couplé avec Winterreise, le cycle de mélodies de Franz de Schubert, par le metteur en scène hongrois Kornél Mundruczó en avril 2014 (voir compte rendu). La thématique des réfugiés était le lien unissant les deux œuvres. Lien conceptuel, pas toujours évident à comprendre, qui aujourd’hui entre en résonnance avec la crise des migrants. Aux images filmées l’an passé dans des camps en Hongrie et en Roumanie, Kornél Mundruczó a ajouté d’autres images, plus récentes, pour réaliser un montage vidéo. L’intention de cette réalisation artistique est de nous rendre les réfugiés plus proches en substituant des visages aux silhouettes habituellement présentées par les journaux télévisés du monde entier.
Aviel Cahn, l’intendant d’Opera Vlaanderen explique: « Ces images n’évoquent pas la crise des réfugiés actuelle sous la forme de statistiques, de quotas ou d’images sensationnelles des médias. Elles révèlent l’individu dans sa simplicité quotidienne, l’individu présent derrière la rhétorique trop facile que nous entendons ces derniers mois. L’attitude de certains responsables élus, d’ici et d’ailleurs, inspirée ou non par des idéaux politiques, est caractéristique de la déliquescence continue de valeurs humaines fondamentales qui devraient être des évidences. Avec l’art, nous pouvons au moins offrir un contrepoids à la superficialité généralisée. »
Projetée le 15 octobre dernier sur la façade du M HKA (Musée d’Art Contemporain d’Anvers), l’installation sera visible à deSingel (campus artistique international d’Anvers), du 28 octobre au 22 novembre inclus, du mercredi au dimanche, après 18 heures. (plus d’informations)