Depuis une dizaine d’années, on le voit un partout en France, L’Opéra de quatre notes. En 1972, le compositeur américain Tom Johnson n’imaginait peut-être pas que son Four Note Opera connaîtrait une telle postérité. La clef de son succès ? Il prouve en à peine plus d’une heure que le minimalisme est soluble dans l’humour, puisqu’il s’agit ici de dénoncer les travers du genre lyrique, mais sur quatre notes seulement, combinées et recombinées à l’infini. Plébiscité par les ensembles de jeunes artistes parce qu’il n’exige pas de prouesses vocales mais plutôt de bons chanteurs-acteurs, L’Opéra de quatre notes a connu de nombreuses traductions et adaptations. En 2003, déjà, l’Atelier lyrique de Franche-Comté en proposait une version mise en scène par Paul-Alexandre Dubois, qu’on allait voir notamment en 2006 à l’Amphi-Bastille, et en 2008 au Théâtre de l’Athénée. En 2015, une autre production était confiée par la Comédie de Picardie à Corinne et Gilles Benizio, production que l’Amphi-Bastille avait décidé de présenter au jeune public pour cette fin d’année. Avec cette œuvre, les redoutables Shirley et Dino peuvent littéralement montrer l’envers du décor d’une représentation d’opéra, même si l’univers évoqué est souvent plus proche de la comédie musicale, avec des costumes qui fleurent bon les années 1970. En tout cas, la mise en scène fait mouche et sait occuper les chanteurs, souvent de façon désopilante. Dans la distribution, on retrouve les piliers de la version de 2003, le ténor Christoph Crapez, le baryton Paul-Alexandre Dubois et la mezzo Eva Grüber. Pour la dernière des représentations, les virus hivernaux ont ajouté un gag supplémentaire et imprévu : la soprano Sevan Manoukian aurait dû céder la place à Mélanie Boisvert, mais celle-ci a chanté sur le bord de la scène, près du pianiste Nicolas Ducloux, le rôle de la mezzo qui, aphone, mimait l’essentiel de son rôle, sa doublure étant également aphone…
Tom Johnson, L’Opéra de quatre notes, Amphithéâtre Bastille, samedi 10 décembre, 20h