Stéphane Lissner annonce dans une interview au journal Le Monde qu’il mettra fin à son mandat fin 2020 , plusieurs mois avant l’échéance prévue, du fait de la situation financière dramatique de l’Opéra de Paris aujourd’hui : les grèves de décembre et janvier contre la réforme des retraites, auxquelles a succédé la fermeture inopinée des salles de spectacle en mars 2020, ont fait plonger le déficit de l’opéra dans des profondeurs abyssales, près de 40 Millions d’euros, au point qu’il se demande si l’opéra disposera encore d’un fonds de roulement à la fin de l’année.
Il confirme également que les travaux prévus de juillet à octobre 2021 sont avancés à 2020, annonçant par la même occasion que Bastille ne rouvrira que le 15 Novembre prochain, ce qui lui semble plus prudent compte tenu de l’incertitude régnant sur les normes sanitaires et sur la disponibilité des artistes invités qui résident à 85% hors de France. La reprise se fera avec trois spectacles en alternance : La Bayadère, La Traviata de Simon Stone dirigée par James Gaffigan, et la Carmen de Calixto Bieito avec Domingo Hindoyan. Garnier quant à lui restera en travaux jusqu’à fin décembre. La Walkyrie n’ayant pas été répétée, le Ring de Beito semble également compromis, sauf décision ultérieure d’Alexander Neef.
Stéphane Lissner, occupé à inviter cet été les plus grandes stars à Naples, sa nouvelle maison, présente ainsi son départ comme une volonté affichée de ne pas perturber les prises de décisions douloureuses à venir, et préfère laisser la nouvelle direction choisir les productions qui seront supprimées, se plaignant au passage de ne pas avoir été prolongé dans ses fonctions. Il affirme également que « des prises de décision drastiques et immédiates avec un impact social important devront être prises face à l’urgence », et qu’elles devront être portées par la nouvelle direction.
Revenant sur une saison qui aurait dû être l’épilogue en apothéose de son mandat, 350ème anniversaire de la maison oblige, mais s’est transformé en naufrage pour les raisons sus citées, balayant d’un revers de la main les grandes péripéties affrontées au cours des 6 dernières années, en particulier la polémique sur les loges qu’il juge ridicule, il égratigne une partie des syndicats : si la plupart des corps intermédiaires de la maison sont des forces constructives, il existe selon lui une minorité de blocage qui userait n’importe quelle direction et qui ont eu raison de son énergie et de sa motivation. (NDLR : c’est pourtant bien sous sa direction que Sud est devenu majoritaire au sein de la maison parisienne)
Enfin il rappelle avoir dédommagé tous les artistes dont les contrats ont été annulés pendant la crise de la Covid19 et s’alarme de la situation des plus jeunes.
Ci-après le lien vers l’interview complète du Monde réservée aux abonnés.