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L’Opéra de Dijon décroche la lune

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Brève
16 mai 2012
L’Opéra de Dijon décroche la lune

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Ce n’est pas tous les jours que l’on assiste à la création d’un opéra. Présenté à Dijon pour la première fois le 12 mai dernier, adapté d’un texte de Jacques Prévert écrit en 1953, L’Opéra de la lune, du compositeur français Brice Pauset. raconte l’histoire de Michel Morin, un petit garçon un peu rêveur, qui se réfugie dans la lune pour échapper à l’incompréhension de ceux qu’il côtoie ici bas. Pour sa composition, Brice Pauset a choisi de mêler sa propre musique à des orchestrations de lieder de Schubert et de certains de ses contemporains ainsi qu’à des réminiscences plus ou moins directes des Kinderszenen de Schumann, elles aussi orchestrées par ses soins. Choisir d’imbriquer de la sorte des musiques au discours dissemblables est un pari : la musique composée par Pauset ne cherche pas à enjôler l’oreille, et peut à bon compte être qualifiée de contemporaine, avec un important travail sur les sonorités et les percussions, tandis qu’avec Schubert et Schumann, on retombe dans la tonalité la plus apaisante. Le résultat est particulièrement heureux, tant l’alliage est réalisé avec subtilité. On saluera le choix d’avoir confié l’interprétation vocale de ces lieder à une soprano et un baryton (elle très fraîche de voix et sensible, lui assez fatigué sur la fin de la représentation), en qui il est difficile de ne pas voir les parents du jeune Michel, qu’il est supposé ne pas connaître. Ces pages dégagent de ce fait une réelle émotion. Le résultat global est particulièrement convaincant : par ses qualités intrinsèques, mais aussi grâce à la mise en scène très réussie de Damien Caille-Perret, l’œuvre distille une poésie de tous les instants, sans jamais tomber dans le piège de la mièvrerie sucrée. L’esprit de Prévert n’est jamais loin, et les clins d’œil fourmillent, sur scène comme dans la partition (ainsi cette Marseillaise mâtinée d’extraits du final du Crépuscule des Dieux: savoureux !). Une telle création témoigne en définitive de la belle vitalité de l’Opéra de Dijon et de sa capacité à attirer à l’opéra des publics qui en sont trop souvent éloignés (chaque représentation en soirée est ainsi doublée d’une représentation en matinée destinée spécifiquement aux public scolaire). Le petit garçon présent sur scène a su nous émouvoir. Quant à celui qui nous accompagnait ce samedi soir, il est ressorti de l’opéra avec des étoiles plein les yeux. [HM]

 

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