A la recherche de distractions rares pour le week-end, on jettera une oreille favorable sur La Mort d’Abel de Rodolphe Kreutzer, une tragédie lyrique créée à Paris en 1810, proposée en deux CD par le label Ediciones Singulares. Dirigé par Guy Van Waas, avec Jean-Sébastien Bou, Sébastien Droy ou encore Pierre-Yves Pruvot, cet enregistrement inaugure admirablement la série « Opéra Français » que projette la fondation Palazzetto Bru Zane. Beaucoup plus contestable – et contesté – apparaît le Don Giovanni réalisé par Deutsche Grammophon avec une myriade de stars au départ (Villazon, DiDonato, Damrau…) mais bien peu de Mozart à l’arrivée. Pour ménager la chèvre et le chou, on se rabattra sur Suor Angelica, détachée du Trittico par Orfeo, où Kristine Opolais dans le rôle-titre oublie d’émouvoir mais qu’Andris Nelsons dirige d’une main experte, sans en exagérer le pathos. Puis, on joindra l’image au son en regardant José Cura investir vocalement et scéniquement Samson et Dalila, l’opéra de Saint-Saëns filmé par Arthaus à Karlsruhe en 2010. Repus de musique, on parfera ses connaissances sur l’Opéra-Comique en lisant l’ouvrage consacré à l’institution par François-Henri-Joseph Blaze, dit Castil-Blaze, dans les années 1850. Réédité par les éditions Symétrie, ce texte mentionne d’innombrables partitions oubliées dont les directeurs de théâtres aujourd’hui pourraient faire leur miel. Et on rêvera… [Christophe Rizoud]