Libé disperse Idomeneo façon puzzle

Première d’Idomeneo à Aix-en-Provence, ce mercredi soir, devant tout ce que l’art lyrique compte de plus glamour : journalistes en mocassins de jeune daim bleu, directeurs et directrices d’opéra en robe fourreau et vison chamarré, grands serviteurs de l’état (Jacques Toubon, en pleine forme, serre les mains de ses admirateurs) et mécènes gâtés de petits cadeaux parfumés qu’ils promènent nonchalamment dans les travées. Comme tout cela est hype. Dans la fosse, Raphaël Pichon est justement ovationné. Sur scène, la crème de la crème : Sabine Devieilhe, Anna Bonitatibus, l’irascible Nicole Chevalier et Michael Spyres dont Marie-Aude Roux, dans Le Monde, évoquera le style « Fast and Furious » (bien vu). Artistes dont notre excellente consœur Lucile Commeaux de Libération écrira « pauvres d’eux, on voudrait à la fin les prendre dans les bras, leur taper doucement sur l’épaule et leur dire que ce sera bientôt fini. » En cause, la mise en scène belle mais narcoleptique de Satoshi Miyagi que Libé envoie ad patres en une formule qu’on ne souhaiterait pas à son pire ennemi : « Il y a parfois de si spectaculaires ratages, que le cliché de «l’aventure collective», galvaudé aussi bien dans la bouche des politiques que des candidats de Koh-Lanta, se trouve pleinement revitalisé. » Heureusement, d’autres recensions sont moins radicales dans leur désapprobation et louent la beauté esthétique de la production et l’excellence des musiciens. Le public est partagé entre ceux qui quittent la salle au début des applaudissements, ceux qui huent (ah, les sauvageons !) et ceux qui tentent d’envoyer quelques ondes positives au plateau. Forumopera reviendra prochainement sur cette production.