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Le retour de Sadko

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Brève
18 octobre 2012
Le retour de Sadko

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Les opéras de Rimski-Korsakov s’exportent mal hors de Russie. Si l’on a pu voir à Paris Le Coq d’or à plusieurs reprises (au Châtelet en 1984 et 2002, au TCE en juillet prochain) et si la rumeur a voulu un temps que le Kitège de Tcherniakov pour Amsterdam soit repris à Bastille, il paraît assez peu probable que l’on revoie de sitôt Sadko. Qui aura le courage de monter cet opéra féerique, sans prolongements satiriques, sauf à considérer la fronde du héros contre les marchands de Novgorod comme une critique pré-révolutionnaire du capitalisme triomphant ? En 1994, Valery Gergiev avait apporté de Saint-Pétersbourg un spectacle ultra-traditionnel, avec dans le rôle-titre un Vladimir Galouzine dont les théâtres d’Occident ne s’arrachaient pas encore l’Otello ou le Hermann. Pour renouer avec de tout autres fastes vocaux, mieux vaut se tourner vers les enregistrement historiques gravés en URSS peu après la Deuxième Guerre mondiale : si la version Niébolssine de 1946-47, excellente mais très amputée (2h30 de musique) n’est plus disponible qu’en téléchargement MP3 dans la série « The Historical Recordings of the Bolshoï Theatre », la firme Melodia, poursuivant la série de rééditions lancée avant l’été, repropose à présent la version enregistrée en 1952 par Nikolaï Golovanov. Pour l’orchestre et les chœurs, la prise de son accuse son âge, mais elle sert en revanche très bien les solistes, au premier rang desquels Gueorgui Nelepp : Sadko, l’un de ses plus grands rôles avec Hermann, devient ici un cousin du héros de La Dame de Pique, un autre marginal enfermé dans son rêve (Nelepp devait mourir cinq ans après cet enregistrement). Elizaveta Choumskaïa, qui chantait Lakmé, Micaëla ou même Traviata, est une excellente Volkhova, bien préférable aux voix lourdes (Gorchakova !) auxquelles Gergiev confiait ce rôle de colorature lyrique. Vera Davydova, qui fut la maîtresse de Staline pendant les vingt dernières années du dictateur soviétique, n’est qu’une Lioubava geignarde. Mais par-delà les rôles principaux, l’une des forces de cette version réside dans le trio de marchands étrangers : le Varègue grandiose de Mark Reizen, le Vénitien musclé de Pavel Lissitsian (magnifique Eletski dans La Dame de Pique avec Nelepp) et surtout l’ineffable Ivan Kozlovski en Indien, surhumain de suavité orientale dans son célèbre air. [Laurent Bury]

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