Intitulé La voz del ovido (la voix de l’oubli), le dernier CD de l’ensemble Vox Suavis chez Aparté effectue un double travail de mémoire. Tout d’abord, restituer les musiques traditionnelles hispaniques à partir d’enregistrements effectués de la fin des années 20 au début des années 60 par des ethnomusicologues à la recherche des racines musicales de la culture espagnole. Ensuite, de manière peut-être plus inconsciente, rappeler le travail déjà mené en ce sens par Jordi Savall et Montserrat Figueras. Car ce sont bien aux deux artistes catalans que l’on pense tout au long de ce parcours hypnotique sur fond de vièles et de percussions orientales. Dominique Vellard a beau pincer les cordes de son oud, Baptiste Romain souffler dans les tuyaux de ses cornemuses, la voix haute et claire d’Ana Arnaz dérouler le long ruban de mélopées incantatoires, c’est le chant de la Sybille, spectral, fascinant, magique, unique, que l’on appelle de ses vœux et qui, par comparaison, empêche de totalement succomber à cet appel d’un autre temps. Christophe Rizoud
La voz del olvido – Vox Suavis. Ana Arz, voix et percussions ; Dominique Vellard, voix et oud ; Baptiste Romain, vièles et cornemuses. CD Aparté AP034.
