Parce que la mélodie française est une forme musicale qui lui est chère, le baryton québécois Marc Boucher a décidé l’an dernier de lui consacrer un récital en forme de concours au sein du Festival Classica qu’il dirige dans les alentours de Montréal. Cette année, pour la deuxième édition, cinq artistes s’affrontaient, une voix masculine et quatre voix féminines. Originalité de cette compétition internationale, les voix du public ont autant de poids que celles du jury. Le grand prix de 15 000 dollars échoit à Magali Simard-Galdès, soprano, malgré une entorse au règlement qui prescrit de chanter un cycle alors qu’elle propose une réunion de mélodies de Cécile Chaminade. Caroline Gélinas, mezzosoprano, démontre sa musicalité dans Shéhérazade, trois poèmes de Klingsor mis en musique par Maurice Ravel et reçoit le deuxième prix de 5 000 dollars. Au ténor Jean-Philippe Fortier-Lazure, pour La bonne chanson de Verlaine et Fauré revient un prix de 3 000 dollars. Restent 1 500 dollars pour Clara Osowski (Etats-Unis) dont le talent avait été primé au CMIM et qui interprète avec une subtilité exemplaire Les chansons de Bilitis, de Claude Debussy, et un prix d’un montant équivalent pour Hagar Sharvit, (Israël) qui se présente comme mezzosoprano – mais dont la voix est si profonde qu’elle nous semble sans doute celle d’un vrai contralto – et qui se joue des Banalités de Francis Poulenc sur des poèmes d’Apollinaire. Point commun à tous ces artistes, une diction exemplaire du français ! Des quatre pianistes, Michel-Alexandre Brokaert remporte la palme du meilleur accompagnateur, 4 000 dollars. Le niveau et le succès d’affluence de cette nouvelle édition en laissent augurer une troisième, en particulier grâce au soutien généreux et renouvelé de Madame Marie-Paule Rouvinez et de Monsieur Gilles Beauregard.
Saint-lambert, Saint Andrew’s Presbyterian Church, dimanche 10 juin 2018 à 16 heures