Il n’est plus permis d’ignorer L’Empereur d’Atlantis, opéra composé par Viktor Ullmann en 1943, durant sa détention au camp de Terezin, et désormais régulièrement donné dans le monde entier. Pourtant, le compositeur tchèque avait eu le temps de composer plusieurs autres œuvres lyriques, dont aucune ne bénéficia de son vivant d’une production professionnelle : un Peer Gynt entrepris en 1927 mais achevé après 1938, Le Retour d’Ulysse en sa patrie vers 1940 ou La Cruche cassée d’après Kleist. En 1936, il avait reçu le Prix Emil Hertzka (du nom du directeur des éditions Universal) pour son opéra Der Sturz des Antichrist, composé l’année précédente. Créé à Bielefeld en 1995, soit soixante ans après sa composition, cette œuvre figure depuis octobre 2014 au répertoire du théâtre morave d’Olomouc, où elle fut montée pour commémorer le 70e anniversaire de la mort de Viktor Ullmann (dernière représentation le 10 octobre 2015). Avec une intrigue où un artiste refuse de se soumettre aux caprices d’un dictateur qui a déjà obtenu l’obéissance du prêtre et du scientifique, on comprend que La Chute de l’Antéchrist n’avait guère de chances d’être donné par un théâtre germanophone dans les années 1930…