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La Chapelle Corneille sera en 2018 dans le giron de l’Opéra de Rouen

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Brève
4 février 2017
La Chapelle Corneille sera en 2018 dans le giron de l’Opéra de Rouen

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La Chapelle Corneille, joyau de l’architecture baroque, converti en salle de concert ultra-moderne, fêtait mercredi dernier son ouverture après un gigantesque chantier, qui visait à la restaurer dans sa splendeur tout en la dotant d’une très bonne acoustique. Ses 700 places et ses spacieux locaux techniques juxtaposés au monument permettent d’accueillir public et artistes dans des conditions optimales. Le concert baroque auquel nous avons assisté était complètement en phase avec le style et l’esprit de ce haut-lieu du patrimoine rouennais. Cependant, il s’est avéré que l’endroit ne se prête pas aux exigences de n’importe quel type de concert. Selon Paris-Normandie du lendemain, on apprenait qu’à partir de la saison 2018-2019, il incomberait à l’Opéra de Rouen de «monter un projet artistique cohérent et lisible au niveau régional, national et européen » pour la Chapelle Corneille. Un aspect important de la mission du prochain directeur ou directrice, dont on attend la nomination mi-mars.

Au XVIIIe siècle, comme on le sait, la papauté était aux prises avec la théâtralité. Féru d’Histoire, Sacha Guitry affirmait avec son humour corrosif « Le théâtre est né de l’église. Elle ne lui pardonnera jamais. Jalousie de métier ». Les deux œuvres du baroque romain interprétées par le Ghislieri Choir & Consort sont, à l’évidence l’une et l’autre, une parfaite illustration de l’objet de cet aphorisme aujourd’hui dépassé, du moins on l’espère.

Compositeur d’opéras né en 1714 près de Naples, alors adjoint du Maître de Chapelle de Saint-Pierre de Rome, Niccolò Jommeli y fait jouer en 1751 Beatus Vir (Heureux homme), pour soprano, chœur, cordes et basse continue sur le Psaume 111. La belle écriture contrapuntique, la virtuosité des instrumentistes, la puissance et les nuances réalisées par les forces vocales soudées de cet ensemble italien en résidence à Pavie, la jolie voix claire de la soprano Rachel Redmond, en dépit de trilles chantées en latin d’une extrême difficulté quelque peu escamotées, mettaient en valeur ce texte à la gloire du Seigneur destiné à affermir les cœurs des hommes justes et bons.

Vraisemblablement commandé par ses appuis catholiques à un Haëndel de 22 ans, le Dixit Dominus (Le Seigneur a dit), composé en 1707 démontre que malgré son protestantisme, le compositeur saxon a très tôt intégré à sa musique le style italien exigé à Rome. Il s’agit d’un motet en latin pour deux voix (soprano et alto) chœur, orchestre et basse continue avec orgue. Haëndel en a fait une pièce merveilleuse qui confronte la puissance de la musique luthérienne avec l’éclat de la passion et la jouissance vocale propres à l’opéra italien. Cet hymne à la Sainte Trinité rencontra dès sa création un succès immédiat. À Rouen, après l’exécution de ces deux chefs-d’œuvre du répertoire baroque, sous la direction sportive mais rigoureuse de Giulio Prandi — fondateur de cet ensemble en 2003, le chef, les instrumentistes, les choristes et les solistes ont reçu de très longs applaudissements.

Ghislieri Choir & Consort – Directeur musical Giulio PrandiSolistes : Rachel Redmond, Marta Fumagali – Opéra de Rouen,  Chapelle Corneille. Mercredi 1er février 2017, 20h

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© Romane Charpentier

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