Les sirènes du marketing le surnomment le « Pavarotti de la street » mais son vrai nom est Nabil. Enfant de la banlieue marseillaise, champion à 18 ans de MMA – Mixed Martial Art, un sport qui combine judo, lutte, jiu-jitsu brésilien et autres disciplines de combat –, malfrat à ses heures perdues, il découvre à l’occasion d’un séjour derrière les barreaux qu’il possède une authentique voix de ténor. Invité à participer à l’émission Incroyable Talent sur M6, il se fait connaître en 2018 par son adaptation avec une bande de potes de « Bella Ciao », le chant des partisans italiens popularisé par la série Netflix, La casa de papel. Deux cent millions de vues et un premier album plus tard, le voilà sous le nom paronymique de Naestro propulsé en finale de l’Eurovision 2019. Sa carrière est lancée.
Il ne lui resterait plus qu’à se marier et avoir beaucoup d’enfants pour parachever le conte de fée s’il n’avait décidé de mélanger flow et chant lyrique pour créer un nouveau style, « l’Urban Opéra », et de choisir pour single un des titres les plus connus du répertoire lyrique : « E lucevan le stelle » revu et sévèrement corrigé façon drill – un genre de hip hop. Nul n’est besoin de visionner le clip promotionnel pour relever les similitudes entre l’histoire de Naestro et celle de Mario emprisonné au 3e acte de Tosca, l’exécution simulée en moins. On avoue avoir passé l’âge pour ne pas préférer l’original mais on partage l’adaptation comme témoignage de l’incroyable vitalité de l’opéra et – qui sait ? – vecteur d’évangélisation du « grand public » à la « grande musique ».